Au lendemain d’une première journée d’action réussie, les syndicats se projettent vers une nouvelle mobilisation contre la réforme des retraites, le mardi 31 janvier, avec l’espoir que les manifestations et les grèves feront reculer l’exécutif.
« On veut aller jusqu’au retrait de la réforme », a déclaré vendredi sur franceinfo Marie Buisson, secrétaire générale de la CGT-Education et candidate à la succession de Philippe Martinez, appelant de ses vœux des « grèves massives et fortes ».
« Tant qu’il y aura une réforme dont l’équilibre reposera sur le report de l’âge légal, les organisations syndicales feront des mobilisations », a renchéri sur RTL Yvan Ricordeau, secrétaire national de la CFDT.
La veille au soir, les huit centrales syndicales avaient appelé le gouvernement à « renoncer » au report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. « Cette réforme est inacceptable et va à l’encontre des intérêts de la population », ont-elles dit.
Avant la journée du 31, les syndicats appellent à « multiplier les actions », notamment autour du 23 janvier, jour de la présentation de la loi en Conseil des ministres.
Secrétaire confédérale de la CGT, Catherine Perret a évoqué jeudi des rassemblements « devant les préfectures » lundi. « L’important, c’est qu’il y ait un feu roulant d’actions qui montre que tous les jours les salariés sont déterminés à ne pas laisser ce gouvernement tranquille ».
La CGT et d’autres organisations syndicales auraient préféré une date de mobilisation plus rapprochée, mais la CFDT a pesé pour le 31, selon des sources syndicales.
Selon Marie Buisson, l’enjeu sera d’abord d' »être aussi nombreux » que jeudi : au moins 1,12 million de personnes ont battu le pavé dans plus de 200 villes selon le ministère de l’Intérieur, « plus de deux millions » d’après les syndicats, très majoritairement dans le calme malgré quelques heurts notamment à Paris.
Un niveau de mobilisation supérieur à celui du 5 décembre 2019 : au démarrage de la contestation contre le précédent projet de réforme des retraites, la police avait compté 806.000 manifestants en France, la CGT 1,5 million.
« C’est une réforme complètement injuste et qui défavorise fortement les classes ouvrières », a par exemple dénoncé Damien Mathieu, 36 ans, salarié dans l’informatique à Toulouse.
« Grève reconductible »
« Travailler plus longtemps, il est évident que ça n’est pas très populaire », a reconnu vendredi Bruno Le Maire, sur BFM Business, défendant cependant un projet « juste » et « efficace ».
Si le Parlement conserve « la possibilité d’améliorer la copie », le ministre de l’Économie a néanmoins fixé « une exigence, l’équilibre financier en 2030 ».
Une condition nécessaire pour « préserver notre système de retraite par répartition », a souligné le député (Renaissance) Sylvain Maillard, prêt à « passer du temps à expliquer chiffres à l’appui » le bien-fondé d’une « réforme qui demande des efforts ».
Des arguments qui peinent à convaincre, en particulier dans les secteurs clés en pointe de la mobilisation, de l’éducation (40% de grévistes jeudi), à la SNCF (45%), EDF (50%) ou encore les raffineries (70% à 100% chez TotalEnergies).
Les yeux sont désormais rivés sur des secteurs stratégiques comme l’énergie et les transports, et leur capacité à engager, par la grève reconductible, un bras de fer avec l’exécutif.
Un scénario pas immédiatement à l’ordre du jour à la centrale nucléaire de Gravelines (Nord), où une assemblée générale est convoquée mardi pour décider de possibles actions, selon le responsable FO Franck Redondo.
Les syndicats de cheminots doivent de leur côté se réunir vendredi pour s’accorder sur la suite du mouvement, la CGT souhaitant aller « au-delà de ce qui est programmé » le 31 janvier, « avant ou après » cette date, a indiqué son secrétaire fédéral Laurent Brun sur RMC.
En attendant, une manifestation est déjà prévue samedi à Paris, à l’appel d’organisations de jeunes militants des partis de gauche, soutenus par La France Insoumise. Et le compteur de la pétition lancée la semaine dernière par les huit syndicats, contre une réforme des retraites jugée « injuste et brutale », approchait vendredi matin les 650 000 signatures.