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Retraites : à la veille d’une journée décisive, la colère toujours là


Après plusieurs journées de mobilisation et de manifestations, le recours jeudi à l'article 49.3 de la Constitution par la Première ministre Élisabeth Borne, a mis le feu aux poudres. (Photo AFP)

A la veille d’une journée décisive avec le débat sur les motions de censure, des ministres montent au créneau pour défendre l’impopulaire réforme des retraites et le recours au 49.3, sans apaiser la colère des opposants, qui manifestent depuis plusieurs jours.

« Je pense qu’il n’y aura pas de majorité pour faire tomber le gouvernement », a déclaré le ministre de l’Economie Bruno Le Maire au Parisien de dimanche. « Mais ce sera un moment de vérité. La réforme des retraites, vaut-elle oui ou non, la chute du gouvernement et le désordre politique ? La réponse est clairement non », selon le ministre, poids-lourd du gouvernement. « Que chacun prenne ses responsabilités ! ».

Pour le ministre du Travail, Olivier Dussopt, qui porte cette réforme depuis des mois, « bien sûr, une motion de censure peut toujours être adoptée » à l’Assemblée nationale. « Mais il faudrait pour cela qu’elle rassemble une coalition des contre, des anti, pour obtenir une majorité très hétéroclite sans ligne politique commune », a-t-il dit au Journal du dimanche.

Le président des Républicains, Eric Ciotti, a rapporté sur Twitter que sa permanence parlementaire à Nice avait été caillassée dans la nuit de samedi à dimanche, pour, selon lui, « faire pression » afin qu’il vote lundi la motion de censure. D’autres permanences d’élus pro-réforme ont été prises pour cible ces derniers jours.

Deux motions déposées

Favorable à la réforme, Eric Ciotti a déjà prévenu que son parti ne voterait « aucune » des motions, pour ne pas « rajouter du chaos au chaos ». Mais une poignée de députés de son camp ont annoncé qu’ils voteraient au moins la motion transpartisane présentée par le groupe indépendant Liot (Libertés, Indépendants Outre-mer et Territoires).

Les deux motions déposées, par Liot et par des élus du Rassemblement national (RN), seront débattues et mises au vote de l’Assemblée nationale à partir de 16 h.

Pour le leader de la CGT, Philippe Martinez, les syndicats n’ont pas à soutenir une motion de censure. « Mais c’est l’occasion pour les parlementaires de voter pour ou contre la réforme, ce qu’ils n’ont pas pu faire jeudi dernier », a-t-il dit dimanche sur BFMTV.

Les épreuves du bac commencent

Lundi sera aussi la première journée des épreuves de spécialité du bac 2023, pour près de 540 000 lycéens, sur fond de menaces de grève des surveillants.

Le ministère de l’Education mobilisera des surveillants supplémentaires afin de « permettre le déroulement des épreuves dans les meilleures conditions ». En cas de retard dus à une grève des transports, il y aura aménagement du temps d’épreuve pour que le candidat puisse plancher pendant la durée prévue.

Après plusieurs journées de mobilisation et de manifestations, à l’appel de l’intersyndicale regroupant toutes les grandes organisations, le recours jeudi à l’article 49.3 de la Constitution par la Première ministre Élisabeth Borne, a mis le feu aux poudres.

Depuis, des rassemblements organisés ou spontanés se déroulent sur tout le territoire, dans le calme ou avec des débordements. L’intersyndicale a appelé à une journée de mobilisation jeudi 23 mars.

« Désaccord profond »

Les manifestants interrogés par l’AFP lors des rassemblements dans l’Hexagone expriment de la colère, mais défilent dans le calme en majorité, avec slogans et pancartes.

Ainsi, Léa Botté, 29 ans et chargée de mission dans l’associatif agricole, se disait samedi « en colère », lors du rassemblement à Lille. Face à un gouvernement « sourd à toute la mobilisation, il est important de manifester ce week-end sans attendre le vote des motions de censure ». « L’Assemblée a besoin d’avoir une caisse de résonance dans la rue. On doit être là pour montrer qu’on est en désaccord profond avec cette réforme structurante, qui touche tout le monde ».

Interrogé sur les débordements, Philippe Martinez estime que « c’est de la responsabilité » du président de la République Emmanuel Macron « si la colère est à ces niveaux-là ».

Selon le baromètre mensuel de l’Ifop publié par le JDD, la popularité du président de la République s’est écroulée en mars, à 28%, au plus bas depuis la sortie de la crise des « gilets jaunes » en 2019. Un sondage réalisé avant le recours au 49.3.

La motion du Liot, cosignée par des élus de la Nupes, a davantage de chances que celle du RN d’être votée par des députés de droite défavorables à la réforme des retraites. Mais la barre de la majorité absolue pour faire chuter le gouvernement paraît difficile à atteindre.