Le président français François Hollande est arrivé mardi à Lisbonne pour discuter des moyens de relancer l’UE, notamment dans le domaine de défense, sur fond de nouveaux attentats en Europe.
Après l’attaque à la voiture bélier qui a fait 84 morts le 14 juillet à Nice, quatre passagers d’un train ont été grièvement blessés à la hache et au couteau lundi soir en Bavière par un jeune demandeur d’asile afghan. Les deux attaques ont été revendiquées par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) que la coalition internationale conduite par les États-Unis combat en Irak et Syrie.
À l’issue d’un deuil national de trois jours en France, le président Hollande entame une tournée européenne à Lisbonne, puis Dublin jeudi, pour préparer un sommet crucial en septembre sur l’avenir de l’Europe. Il a néanmoins reporté à la rentrée plusieurs étapes – Vienne, Prague, Bratislava – prévues cette semaine et écourté sa visite à Lisbonne après l’onde de choc suscitée par l’attentat de Nice.
Avant de s’envoler pour Lisbonne, le chef de l’Etat a présidé un Conseil des ministres qui a entériné une prolongation de l’état d’urgence en France. Cette prolongation devrait donner lieu à un débat houleux dans la soirée à l’Assemblée nationale, sur fond de vives critiques de la droite comme de l’extrême-droite sur la politique antiterroriste du gouvernement.
À son arrivée, François Hollande a été reçu avec les honneurs militaires par son homologue portugais, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa. Les deux dirigeants devaient s’entretenir d’une initiative française pour relancer l’Europe, dans la foulée du Brexit.
Défense européenne
François Hollande, qui rencontrera ensuite le Premier ministre socialiste Antonio Costa, va surtout mettre l’accent sur la défense européenne après la série d’attentats qui ont frappé la France, la Belgique et maintenant l’Allemagne. Face au défi du terrorisme et aux crises régionales qui font rage aux portes mêmes de l’Europe, de la Syrie à la Libye, la France appelle les Européens à faire plus pour leur défense. « Il revient aux Européens d’assurer leur propre sécurité », martèle le président français.
La France estime de son côté « faire déjà plus que son devoir » au Sahel où elle est en première ligne, avec 3.500 soldats, face aux jihadistes, mais aussi au Moyen-Orient où ses chasseurs ont encore bombardé l’EI dans la nuit de lundi à mardi. « Taper à Mossoul, taper en Irak, c’est aussi assurer notre sécurité en France, voire globalement en Europe », a souligné mardi le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian.
La décision du Royaume-Uni de sortir de l’UE a aussi provoqué un électrochoc, rendant plus urgente encore, selon plusieurs capitales européennes, la nécessité de réformer l’Europe pour la rendre plus « lisible » et retrouver la confiance des citoyens. Le président français, la chancelière allemande Angela Merkel et le chef du gouvernement italien Matteo Renzi ont appelé le 27 juin à Berlin à une « nouvelle impulsion » pour l’Europe. Ils doivent se retrouver le 22 août en Italie.
Recherche d’un consensus
Dans ce contexte lourd, François Hollande a pris son bâton de pèlerin pour tenter de forger un consensus autour de quelques priorités : plus de défense européenne, plus d’investissements européens, créateurs d’emplois, et plus d’Europe pour la jeunesse. « Il faut maintenant entrer dans des propositions concrètes. Il faut aussi rassembler les 27. Il ne s’agit pas d’en rester à ce qu’on a dit à trois. Dans ce travail, chaque Etat a voix au chapitre », insiste un diplomate français.
Cette dynamique vise à jeter les bases d’un « consensus politique » au sommet de Bratislava le 16 septembre pour lancer ensuite « rapidement » le chantier de la modernisation de l’UE. Côté défense, la France propose de renforcer la capacité à planifier et conduire des opérations communes. L’Europe doit pouvoir mobiliser plus vite des soldats et « mutualiser » plus de moyens militaires dans des opérations communes, selon un diplomate français.
Le président Hollande préconise par ailleurs de doubler d’ici cinq ans le volume d’investissements du plan Juncker (315 milliards d’euros de 2015 à 2018) pour stimuler la croissance et l’emploi. Plus symbolique mais aussi plus concret pour les citoyens, le programme Erasmus d’échanges d’étudiants pourrait aussi être élargi aux collégiens, lycéens ou apprentis.
Le Quotidien / AFP