Le niveau de participation aux régionales sera scruté dimanche après une abstention record au premier tour qui a favorisé les sortants PS et LR, et que le RN espère conjurer pour emporter la première région de son histoire, à un an de la présidentielle.
Des 13 régions métropolitaines, la Provence-Alpes-Côte-d’Azur est la seule à connaître un duel qui s’annonce serré, entre les frères ennemis Thierry Mariani (ex-LR devenu RN) et Renaud Muselier (LR).
Les quelque 48 millions d’électeurs de France métropolitaine peuvent se rendre à l’isoloir jusqu’à 18h, 19h ou 20h selon les communes, en y respectant un protocole sanitaire strict.
« Ne pas voter c’est un déni de démocratie », estime Thierry, un septuagénaire, devant son bureau de vote du Ve arrondissement de Marseille. « Je trouve dommage l’abstention du premier tour, mais peut-être que les jeunes ont besoin d’alternative… », avance-t-il. Dans un bureau de vote de Strasbourg, les électeurs, quasiment exclusivement des retraités, arrivent au compte-goutte à l’ouverture. Alors qu’une polémique sur les ratés de l’acheminement des professions de foi des candidats a entaché le premier tour, Anne-Françoise, 66 ans, se plaint de ne pas les avoir reçues « une fois encore ». « C’est peut-être lié à la situation globale, avec la pandémie et tout ça, mais ce qui est sûr c’est que ça ne donne pas envie d’aller voter », déplore-t-elle.
L’abstention « ne peut que nous interroger. Qu’est-ce qui fait qu’on n’arrive pas à intéresser les électeurs ? », s’interroge pour sa part Françoise Schaetzel, 69 ans, une élue présidente du bureau de vote. Les sondeurs ne prévoient qu’un léger rebond de la participation alors que deux Français sur trois (66,7%) ont boudé les urnes au premier tour, rendant les pronostics sur l’état de l’opinion pour ce dimanche – et au-delà pour 2022 – fragiles.
Alliances locales
« Un sursaut civique est probable », comme lors du scrutin de 2015, avance Pierre Lefébure, politiste de l’Université Sorbonne-Paris Nord. Mais la mobilisation, même légèrement supérieure, ne devrait pas « bouleverser le rapport de forces établi au premier tour », anticipe Romain Pasquier, directeur de recherche au CNRS : flop de la majorité macroniste, prime aux sortants PS-LR, RN bien en deçà des prévisions des sondeurs et « front républicain » – ou pas – face à lui, ambitions élyséennes aiguisées à droite.
Si les politologues soulignent une défiance des électeurs envers la classe politique qui semble bien ancrée, les Français ne manquent pourtant pas de choix pour désigner les 13 exécutifs régionaux métropolitains, chargés de nombreux aspects de leur vie quotidienne (transports, bâtiments scolaires, accompagnement des entreprises…).
Trois triangulaires (Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, Hauts-de-France), sept quadrangulaires (Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val de Loire, Grand-Est, Ile-de-France, Normandie, Pays de la Loire, Corse) et même deux quinquangulaires (Bretagne, Nouvelle-Aquitaine) sont au rendez-vous.
Après d’intenses tractations entre états-majors des partis, les alliances locales apparaissent à géométrie variable : gauche et écologistes unis en Ile-de-France, Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté, mais pas en Bretagne ni en Nouvelle-Aquitaine par exemple.
La droite classique, promise au néant entre le RN et LREM, est sortie du premier tour soulagée, portant encore beau dans les régions qu’elle détient. Mais elle pourrait se retrouver dimanche soir face à son vieux démon : devoir départager les ambitions nationales de trois présidents de région sortants en pole position dans leurs baronnies, Xavier Bertrand (Hauts-de-France), Laurent Wauquiez (Auvergne-Rhône-Alpes) et Valérie Pécresse (Ile-de-France).
LQ/AFP
[MAJ] Participation à midi, quasi identique au 1er tour
La participation s’établissait à 12,66% dimanche à la mi-journée en France métropolitaine, soit quasiment la même qu’au premier tour (12,22%), sept points de moins qu’aux régionales de décembre 2015 (19,59%) et trois de moins qu’aux départementales de mars 2015 (15,72%), selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.
Cette faible mobilisation confirme les craintes d’une nouvelle abstention record pour ce double scrutin placé à dix mois de la présidentielle.