Des votants par devoir, des abstentionnistes déçus de la politique, et un manque d’information souvent épinglé : paroles d’électeurs pour le second tour des régionales et départementales.
L’abstention record, qui semble se confirmer ce dimanche, « ne peut que nous interroger. Qu’est-ce qui fait qu’on n’arrive pas à intéresser les électeurs ? », souligne la présidente d’un bureau de vote de Strasbourg, Françoise Schaetzel, une élue de 69 ans. Alors qu’une polémique sur les ratés de l’acheminement des professions de foi des candidats a entaché le premier tour, plusieurs électeurs disent ne pas les avoir reçues non plus pour le second, comme Anne-Françoise, 66 ans et retraitée, pour qui « c’est sûr, ça ne donne pas envie d’aller voter ».
« Je viens voter, mais ça ne sert à rien », résume Hugues, 66 ans, retraité du secteur du transport, et dont aucun des trois enfants ne se déplacera. « Voter pour les présidentielles, d’accord, mais pour les départementales, on ne sait rien. Que vont faire les candidats ? Aucune idée ».
Daniel, un agent d’entretien de 58 ans, dit d’ailleurs avoir « voté au hasard ».
« Les gens sont dégoûtés de la politique »
Dans un autre bureau strasbourgeois, la présidente Marina Lafay déplore « une sorte d’errance de la part de certains électeurs, notamment par rapport aux départementales », pour lesquelles au premier tour « certains découvraient les candidats sur la table ». Pourtant, s’agace Isabelle, une fonctionnaire de 51 ans « encartée », « aujourd’hui avec internet, si on veut se renseigner, c’est facile ! ».
« Ne pas voter c’est un déni de démocratie », lance à Marseille Thierry, un septuagénaire pour qui toutefois « peut-être que les jeunes ont besoin d’alternative… » A Lille, dans un bureau de vote du sud de la ville, Josiane, 82 ans, qui fait elle partie de la « génération habituée à aller voter », a une explication à l’abstention : « Les gens sont en général dégoûtés de la politique : on nous dit toujours on va faire ci ou ça mais une fois élus, ils ne tiennent pas leurs promesses ». « Les gens en ont assez », pense aussi à Dijon Alain, électeur d’un bureau de vote dont un assesseur parle d’ « encore moins de participation qu’au premier tour ». « Les anciens ont lutté pour avoir le droit de vote et aujourd’hui les jeunes ne font rien », peste Jean-Claude, retraité de 69 ans.
Dans l’hypercentre de Lyon, même inquiétude. « Les jeunes ne sont pas là », glisse Dylan, agent de sécurité posté à l’entrée du bureau de l’ancien palais de la Bourse. Mais à Dijon, Quentin, 31 ans, a, lui, tenu à voter aux deux tours car il « sait que la région à un certain pouvoir ».
« Les Lumières, on est loin de tout ça »
Pour conjurer l’abstention, Christine, une quadragénaire responsable des ressources humaines, plaide pour « le vote électronique ». Nicolas, médecin de 57 ans à Strasbourg, dit d’ailleurs qu’il voterait « peut-être » si cela était possible « par internet » et si le vote blanc était pris en compte. Mais pour l’heure, il s’abstient, notamment parce que « les politiques ne répondent pas aux questions ».
« Si les candidats me parlaient un peu plus, je pourrais voter, peut-être, mais là, je n’arrive pas à m’identifier à une personne et encore moins à un mouvement politique », abonde Pierre, 31 ans, auteur illustrateur.
Houssine, 53 ans, employé dans l’industrie cosmétique, déplore lui les « amalgames » des débats politiques à la télévision, « sur l’islam, l’immigration ». « L’objectif c’est de vivre ensemble, et on a l’impression que les hommes politiques cherchent l’inverse. Quand je vois l’Histoire de la France, les Lumières, on est loin de tout ça », regrette-t-il.
Comme d’autres, Hélène, une Strasbourgeoise de 31 ans, ne vote pas car elle ne sait « pas pour qui ». « Mais j’irai aux présidentielles », car « c’est plus clair, les enjeux, les grandes lignes », et « j’ai plus l’impression de voter pour quelqu’un » d’identifié, « plutôt que pour un groupe de personnes dont je ne sais pas ce qu’elles font ».
LQ/AFP
[MAJ] Taux de participation à 17h
La participation s’établissait à 27,89% à 17h en métropole, soit un point de plus qu’au 1er tour (26,72%) et en chute libre par rapport aux régionales de décembre 2015 (50,54%) et aux départementales de mars 2015 (41,92%).