Le Premier ministre néerlandais a jugé que Paris et Berlin ne devaient pas tenter d’imposer aux autres leurs idées de réforme de l’Union européenne et de la zone euro, selon des extraits d’un entretien publié vendredi.
La mise en garde intervient au jour d’une rencontre très attendue entre la chancelière Angela Merkel et le président Emmanuel Macron à Paris pour travailler sur des propositions pour l’avenir de l’UE avant le Conseil européen des 22 et 23 mars. « La liberté de circulation existe dans l’UE, et bien sûr le nouveau gouvernement (allemand) peut aller rencontrer le gouvernement français quand il le veut sans que nous soyons présents », a ironisé Mark Rutte dans une interview à paraître en intégralité samedi. « Mais ça ne veut pas dire que nous, ou d’autres pays de l’UE, trouvons bien tout ce sur quoi les Allemands et les Français se mettent d’accord. On ne va pas juste acquiescer », a ajouté le libéral.
Mark Rutte a notamment en ligne de mire l’engagement du gouvernement allemand, dans le cadre de la coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates investie mercredi, à augmenter les contributions au budget de l’UE notamment pour l’innovation, la recherche et la sécurisation des frontières extérieures. Il est aussi opposé aux idées françaises de budget et de ministre des Finances de la zone euro pour mieux répondre aux crises.
« Mon point de vue c’est que chaque pays est d’abord responsable pour lui-même », a jugé le Premier ministre néerlandais, « la meilleure protection, c’est des finances publiques solide ». Mark Rutte insiste depuis longtemps à Bruxelles sur la nécessité de mener des réformes structurelles, à l’attention des pays qu’il estime trop dépensiers. Début mars, son pays et sept autres pays du Nord de l’Europe ont plaidé avant tout pour l’achèvement de l’union bancaire et le respect des règles budgétaires, repoussant à plus tard les réformes trop « ambitieuses ».
Paris et Berlin, même s’ils sont en désaccord sur bien des sujets, veulent impulser une ambitieuse réforme de l’UE pour contrer la poussée de partis anti-UE, populistes ou d’extrême droite avant les élections européennes de mai 2019.
Le Quotidien/AFP