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Qui voulait pirater le ferry italien?


L'équipage a pu découvrir le boîtier pirate à temps. Deux personnes ont été interpellées. (Photo : afp)

Un mystérieux boîtier a été découvert sur un ferry italien en France. Il aurait pu permettre de prendre le contrôle du navire. Une enquête a été ouverte.

L’affaire est mystérieuse, digne d’une série télévisée : un boîtier espion, susceptible de permettre de prendre le contrôle à distance d’un navire, a été découvert sur un ferry italien ayant fait escale en France, une nouvelle possible ingérence étrangère, vraisemblablement russe. Des juges d’instruction parisiens sont chargés depuis dimanche d’enquêter sur ce dossier.

Une information judiciaire a été ouverte notamment pour «atteinte à un système de traitement automatisé de données en bande organisée dans le but de servir les intérêts d’une puissance étrangère» et «participation à une association de malfaiteurs». L’enquête est menée par la DGSI (Direction générale de la Sécurité intérieure), spécialisée notamment dans le contre-espionnage.

L’affaire débute par un renseignement communiqué par les autorités italiennes : selon elles, le système informatique du navire Fantastic, qui doit faire escale à Sète, est «susceptible d’avoir été infecté par un dispositif malveillant permettant d’en prendre le contrôle (RAT, remote access tool)», explique le parquet de Paris. À l’origine du signalement : la compagnie maritime GNV, propriétaire du Fantastic, qui a «identifié et neutralisé une tentative d’intrusion, sans conséquence sur les systèmes informatiques de l’entreprise, efficacement protégés», a expliqué GNV dans une déclaration transmise à l’AFP.

Deux membres de l’équipage, un Letton et un Bulgare, identifiés par les autorités italiennes, sont interpellés à Sète et placés en garde à vue le 12 septembre. Des perquisitions sont parallèlement «menées en urgence en Lettonie, avec le soutien très actif d’Eurojust et des autorités lettones», a détaillé le parquet de Paris. Le suspect letton a depuis été mis en examen et placé en détention provisoire tandis que le Bulgare a été remis en liberté sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui, selon le ministère public.

Une affaire «très grave» selon le ministre français de l’Intérieur

Pour le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez, il s’agit d’une «affaire très grave» : «les enquêteurs vont manifestement sur la piste de l’ingérence (…), une ingérence étrangère». «En ce moment, les ingérences étrangères proviennent très souvent du même pays», a-t-il ajouté sur franceinfo sans vouloir en dire plus. Tous les regards sont tournés vers la Russie de Vladimir Poutine.

Des étoiles de David et des mains rouges taguées jusqu’aux têtes de cochon déposées devant des mosquées en passant par les cercueils placés au pied de la tour Eiffel, le spectre de l’ingérence étrangère plane sur une dizaine de dossiers gérés depuis octobre 2023 par le parquet de Paris. Les relations entre Paris et Moscou sont au plus bas depuis l’assaut russe contre l’Ukraine lancé en février 2022 et les sanctions ayant suivi. La France se voit notamment reprocher par Moscou son soutien militaire à Kiev. Dans ces différentes dossiers, des exécutants originaires de pays d’Europe de l’Est, notamment des Bulgares, Moldaves et Serbes, ont été interpellés.

Mais, pour l’avocat du Letton, Me Thibault Bailly, «la thèse de l’ingérence russe évoquée dans la presse paraît superfétatoire». «L’instruction éclairera plusieurs éléments encore troubles de ce dossier. Elle permettra notamment de démontrer que ce dossier n’est pas aussi inquiétant qu’il a pu l’être de prime abord», a-t-il déclaré.

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