L’incendie de la tour Grenfell la semaine dernière à Londres, qui a fait au moins 79 morts, a mis en lumière la possible dangerosité d’autres bâtiments du même type en Angleterre, et les lacunes de la réponse des autorités locales.
Quelque 600 immeubles en Angleterre pourraient être recouverts des mêmes panneaux isolants en matériel aluminium composite, mis en cause dans la propagation du feu dans la tour Grenfell, ce qui a été confirmé par des prélèvements dans sept cas, a indiqué jeudi Downing Street, sans évoquer le reste du pays.
Dans l’un d’eux, l’ensemble de logements sociaux Chalcots de Camden (nord de Londres), les préparatifs vont commencer pour le remplacement des panneaux extérieurs, a assuré jeudi la municipalité locale.
La piètre qualité du revêtement de la tour Grenfell, récemment posé, est soupçonnée par les experts d’avoir contribué à la virulence de l’incendie, à sa diffusion rapide le long de ses 24 étages et même à l’émission de gaz toxiques qui pourraient avoir empoisonné certaines victimes.
Intervenant jeudi devant le Parlement, la Première ministre Theresa May a assuré que « les autorités compétentes et les pompiers ont été informés » de la présence de ces revêtements hautement inflammables.
« Au moment où je vous parle, ils prennent toutes les mesures possibles pour s’assurer de la sécurité de ces immeubles et que les résidents sont proprement informés », a-t-elle assuré.
« Je sais que de nombreux résidents d’immeubles élevés sont inquiets à la suite de ce qui s’est passé à Grenfell », a poursuivi Mme May. « Tous les gestionnaires d’immeubles ont reçu pour instruction d’effectuer des tests de sécurité-incendie supplémentaires ».
« Nous avons également alerté les propriétaires privés et avons mis nos tests à leur disposition gratuitement », a-t-elle ajouté.
En plus d’être soupçonnés d’avoir contribué à la virulence de l’incendie, les panneaux de revêtement pourraient avoir, en brûlant, dégagé du cyanure d’hydrogène, un gaz hautement toxique.
Un porte-parole de l’hôpital du King’s College a confirmé à l’AFP que trois des blessés de la tour avaient été traités avec du Cyanokit, un antidote au cyanure d’hydrogène, sans pouvoir toutefois préciser si c’était à titre de précaution ou de traitement.
Le tabloïd de gauche Daily Mirror a affirmé jeudi matin que « les victimes de la tour ont été empoisonnées par du cyanure » et que ce gaz pourrait être à l’origine de certains décès.
D’abord appelés pour un réfrigérateur qui avait pris feu, les pompiers ont dans un premier temps cru que leur intervention était terminée, avant d’être surpris par la combustion soudaine du revêtement extérieur, dans des conditions que l’enquête en cours devra éclaircir.
La façon dont les autorités locales ont pris en charge les survivants du sinistre, majoritairement pauvres et d’origine étrangère installés dans une habitation sociale au coeur du quartier le plus riche du Royaume-Uni, a provoqué une vague d’indignation dont les répercussions ont continué à se faire sentir jeudi.
En début de matinée, le directeur des services de la mairie de quartier de Kensington et Chelsea a remis sa démission. Nicholas Holgate a expliqué que le ministre conservateur des Communautés Sajid Javid avait exigé mardi que les élus de cette mairie de quartier, dirigée par un maire du même bord politique, obtiennent son départ.
Cette démission ne suffira pas, a estimé jeudi le maire de Londres Sadiq Khan, selon lequel tout le conseil municipal de Kensington et Chelsea devrait faire de même.
Le départ de M. Holgate fait suite aux excuses officielles présentées mercredi par Mme May aux sinistrés pour la façon dont les autorités sont initialement venues en aide aux victimes, dans une tentative de diminuer les tensions avec la population locale.
Les survivants, les associations qui les soutiennent et l’opposition travailliste accusent les autorités locales de n’avoir pas, dans les premières heures, apporté aux survivants le genre de soutien matériel qu’elles auraient fourni à des sinistrés qui auraient été blancs et de classes sociales supérieures.
Le Quotidien /AFP