Neuf pays européens vont réfléchir samedi à des mesures communes pour améliorer la sécurité dans les trains et les gares, comme installer des portiques pour certaines liaisons internationales ou élargir le champ de compétences de la police ferroviaire.
Ce qui existe
La plupart des pays qui seront présents samedi ont déjà déployé d’importants effectifs de forces de l’ordre dans les gares. En Grande-Bretagne, les plus importantes sont surveillées par la British Transport Police (BTP), souvent armée.
En France, les 3 000 gares sont surveillées par des policiers, gendarmes et militaires. Sont également présents les agents de la surveillance générale de la SNCF, la SUGE ou police ferroviaire, des cheminots armés, mais qui ne peuvent ni contrôler l’identité ni fouiller les bagages.
Le Premier ministre français, Manuel Valls, a annoncé samedi la mise en place d’un numéro national de signalement des situations anormales, et le renforcement du nombre et de la visibilité des messages de vigilance dans les gares.
Plusieurs pays ont mis en place des contrôles de sécurité ciblés. L’Espagne, après les attentats de 2004 à Madrid qui avaient fait 191 morts et près de 1.900 blessés dans quatre trains de banlieue, contrôle les bagages des passagers des trains longue distance. L’Italie s’y est également mise depuis le 1er mai, au départ de certaines grandes gares.
C’est aussi le cas d’Eurostar, filiale de la SNCF qui relie la Grande-Bretagne à la France, en raison, d’une part, des contrôles d’identité effectués pour entrer au Royaume-Uni, qui ne fait pas partie de l’espace Schengen, et aux mesures de sécurité nécessaires avant d’emprunter le tunnel sous la Manche.
Le gouvernement belge a décidé samedi de renforcer les mesures de sécurité: contrôle des bagages accru, intensification des patrouilles dans les Thalys, mais aussi dans les gares.
Ce qui pourrait être mis en place
Le ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a souhaité mercredi « des contrôles simultanés et coordonnés dans les pays de l’UE qui permettent de faire sonner les fameuses fiches S et qui permettent de procéder à des contrôles pour mieux identifier ceux qui prennent les transports en commun ».
« Il faut regarder si l’on peut mettre en place un dispositif qui permette de contrôler dans les aéroports, dans les moyens de transport, plus systématiquement, de façon plus coordonnée ceux qui les empruntent », a-t-il souligné.
Ainsi, le PNR, fichier de données des passagers européens sur les vols aériens, mais dont l’adoption est bloquée au niveau européen depuis 2011, pourrait être étendu au ferroviaire.
La police ferroviaire pourrait également voir son champ de compétences élargi, avec par exemple l’autorisation de fouiller les bagages ou les passagers, ou de procéder à des contrôles d’identité. Mais une coordination est nécessaire avec les pays voisins, concernant les trajets internationaux notamment, car chaque police ferroviaire n’est compétente que sur son territoire.
Enfin, l’installation de portiques de sécurité et de contrôles pour les trajets internationaux, pourrait être discutée. La ministre française de l’Écologie Ségolène Royal, ministre de tutelle des Transports, y est favorable.
Mais pour le président de la SNCF Guillaume Pepy, contrôler seulement quelques lignes à grande vitesse, ou internationales, nécessite d’être, « comme Eurostar, dans un domaine complètement fermé. (…) Soit vous êtes exhaustif, soit votre efficacité est faible ».
Ce qui n’est pas envisageable
Equiper l’ensemble des gares de portiques de sécurité, sur le modèle des aéroports, n’est pas à l’ordre du jour, car le trafic dans les gares est vingt fois supérieur au trafic des aéroports.
Guillaume Pepy explique que « c’est juste une question de limite physique. Dans aucun pays d’Europe, vous n’avez un système de contrôle systématique à l’embarquement, les volumes sont trop importants ».
AFP/M.R