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Pyongyang dans la surenchère en réponse aux sanctions « maléfiques » de l’ONU


Kim Jong Un va continuer de défier le monde, a-t-il promis. (photo AP)

La Corée du Nord a promis mercredi de donner un coup d’accélérateur à ses programmes militaires interdits en réponse aux sanctions « maléfiques » imposées par le Conseil de sécurité de l’ONU après son sixième essai nucléaire, le plus puissant à ce jour.

Le site spécialisé 38 North de l’Université Johns Hopkins de Washington a annoncé qu’il révisait à la hausse sa précédente estimation de la puissance de l’engin testé le 3 septembre, une bombe H suffisamment petite pour être montée sur un missile selon les dires de Pyongyang. D’après les experts de 38 North, l’énergie dégagée était d’ « environ 250 kilotonnes », soit 16 fois la puissance de la bombe qui a rasé Hiroshima en 1945.

La RPDC redoublera d’efforts pour augmenter sa force

L’essai nucléaire, qui a provoqué un déluge de condamnations, succédait aux tirs par Pyongyang de deux missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) ayant semblé mettre à sa portée une bonne partie du continent américain. Le Conseil de sécurité a infligé à l’unanimité lundi à la Corée du Nord une huitième volée de sanctions pour tenter de la convaincre de renoncer à ses programmes balistique et nucléaire interdits. Le texte prévoit notamment un embargo sur les exportations de gaz vers la Corée du Nord, une limitation des exportations de pétrole et de produits raffinés ainsi que l’interdiction des exportations nord-coréennes de textile. Ce n’est, a prévenu le président américain Donald Trump, que le prélude à des mesures plus fortes.

Pour s’assurer du soutien de la Russie et de la Chine, Washington a dû revoir à la baisse ses prétentions et limiter les sanctions prévues. Le nouveau texte a été adopté à peine plus d’un mois après un précédent train de mesures visant à priver Pyongyang d’un tiers de ses recettes d’exportation, soit un milliard de dollars annuels.

Le ministère nord-coréen des Affaires étrangères a condamné les sanctions « dans les termes les plus forts », estimant qu’il s’agissait d’un « blocus économique à part entière » imposé à l’instigation de Washington et visant à « étouffer » le peuple et le gouvernement nord-coréens. Il s’agit d’une résolution « illégale et maléfique pilotée par les États-Unis », a dit le ministère dans un communiqué publié par l’agence officielle KCNA. « La RPDC (République populaire et démocratique de Corée, nom officiel du régime) redoublera d’efforts pour augmenter sa force afin de protéger la souveraineté du pays et son droit à l’existence ».

Trump veut des sanctions plus fortes

A Séoul, le ministère de l’Unification a toutefois estimé qu’il s’agissait d’une réaction à minima du Nord, « sa réponse la plus modérée à une résolution du conseil de sécurité de l’ONU ». Après le dernier essai nucléaire nord-coréen, Séoul avait mené son premier exercice à munitions réelles utilisant des missiles Taurus à longue portée. Ces engins air/sol de fabrication allemande sont capables de frappes de précision sur des cibles nord-coréennes même lorsqu’ils sont tirés du centre de la Corée du Sud, d’après le ministère sud-coréen de la Défense. Washington et ses alliés expliquent que le durcissement des sanctions contraindra Pyongyang à revenir à la table des négociations mais les spécialistes sont sceptiques.

Les dernières sanctions sont « juste un autre tout petit pas, pas quelque chose d’énorme », a déclaré Donald Trump. « Ces sanctions ne sont rien par rapport à ce qui devra se passer in fine », a-t-il ajouté, sans autre précision.

Le Nord justifie ses programmes balistique et nucléaire par la nécessité de se protéger des forces américaines « hostiles ». Depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un en décembre 2011, Pyongyang a fait des progrès remarquables sans que les précédentes sanctions de l’ONU n’entravent ses ambitions, relèvent les experts. La Commission sud-coréenne pour la sécurité nucléaire a annoncé mercredi qu’elle avait collecté une petite quantité de xénon-133 -un isotope radioactif du gaz qui ne se produit pas naturellement-, « lié au dernier essai nucléaire ». Mais, dans un communiqué, la Commission s’est dite incapable de « confirmer le type de test effectué par le Nord ».

Le Quotidien/AFP