Une juge américaine a fortement réduit jeudi le montant des dommages infligés à Monsanto en mai, dans la troisième de ses milliers de procédures liées au désherbant Roundup, tout en confirmant le « comportement répréhensible » du groupe racheté par Bayer.
Au total, les indemnités ont été réduites de 2,055 milliards à 86,7 millions de dollars par la juge d’Alameda Winifred Smith, principalement en raison de la révision drastique des dommages et intérêts « punitifs », de 2 milliards à 69,3 millions.
La magistrate a plus légèrement revu en baisse les autres indemnités accordées aux époux Alva et Alberta Pilliod, deux septuagénaires atteints d’un lymphome non-hodgkinien qu’ils attribuent à leur utilisation du Roundup depuis 1982.
Monsanto ne doit plus que 6,1 millions de dollars à Alva Pilliod, contre 18 auparavant, pour ses dépenses de santé, pertes économiques et son préjudice moral, et 11 millions de dollars à son épouse, contre 36,9 dans le jugement initial.
Refus d’un nouveau procès
La juge a en revanche refusé au spécialiste américain des pesticides un nouveau procès. Elle estime que le jury d’Oakland, dans sa décision rendue en mai, « a trouvé des preuves » à l’appui du fait que le Roundup « a causé le cancer des Pilliod ». Surtout, elle s’attarde sur la « malveillance » reprochée à Monsanto, qui n’a cessé « de tenter d’influencer la littérature scientifique pour empêcher que les inquiétudes soulevées en interne n’atteignent le grand public ».
« Dans cette affaire, il y a des preuves claires et convaincantes des efforts de Monsanto pour entraver, décourager ou déformer l’investigation scientifique », insiste la magistrate californienne, dans son ordonnance consultée par l’AFP. Selon elle, « Monsanto a mené des études initiales sur le glyphosate », principe actif du Roundup, « mais a décidé de ne pas regarder plus loin lorsque les premières indications ont suggéré que le glyphosate pouvait causer des cancers ».
L’allemand Bayer, qui a racheté l’an dernier Monsanto pour 63 milliards de dollars, a salué dans un communiqué « un pas dans la bonne direction », mais a annoncé son intention de faire appel, réaffirmant qu’aucun régulateur dans le monde n’a conclu à la dangerosité du glyphosate depuis sa mise sur le marché au milieu des années 1970.
Monsanto faisait face fin avril à 13 400 procédures visant le seul glyphosate aux Etats-Unis, un risque judiciaire et financier considérable qui affecte le cours de Bourse de Bayer. Vendredi matin, l’action reprenait néanmoins 1,50% à 60,07 euros à Francfort.
Avant le dossier Pilliod, deux autres condamnations liées au glyphosate ont été réévaluées à la baisse : Monsanto ne doit plus que 78 millions de dollars à l’ancien jardinier Dewayne Johnson, et 25 millions de dollars au retraité Edwin Hardeman, contre respectivement 289 et 80 millions auparavant.
LQ/AFP