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Procès de l’attentat de Condé-sur-Sarthe : le Mosellan Michaël Chiolo condamné à la perpétuité incompressible


(Photo : afp)

Michaël Chiolo, islamiste radicalisé, était jugé depuis début juin à Paris pour l’attaque de deux surveillants pénitentiaires à Condé-sur-Sarthe (Orne) où il était détenu.

Le Mosellan Michaël Chiolo, l’auteur de l’attaque au couteau contre deux surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne) le 5 mars 2019, a été condamné lundi à une peine de réclusion à perpétuité incompressible, la plus lourde peine prévue par le code pénal.

Attitude provocatrice

La cour d’assises spéciale a par ailleurs acquitté un des accusés poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste et prononcé une peine de réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 30 ans, contre Abdelaziz Fahd, jugé coupable de complicité de tentative d’assassinat.

Elle a ainsi acquitté Jérémy Bailly, 37 ans, un vétéran du djihadisme français car « aucun acte préparatoire » de l’attentat n’a pu être retenu contre lui. Et elle a condamné à 12 ans de réclusion assortie d’une peine de sûreté des deux tiers Yassine Merai, en fuite à l’étranger, qui était jugé par défaut.

Le parquet avait réclamé 15 ans de réclusion à l’encontre de ces deux hommes poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste.

Tout au long des cinq semaines d’audience, Michaël Chiolo, 33 ans, jugé pour tentative d’assassinat et qui revendique pleinement son acte, n’a cessé d’en rajouter dans la provocation. Il a ainsi affirmé « approuver de A à Z » les exactions du groupe État islamique (EI).

« Capacité d’évolution quasi inexistante »

« Ca faisait des années que je voulais faire le djihad dans le sentier d’Allah. Ca faisait des années que je voulais attaquer l’administration pénitentiaire » et « tuer un maximum de victimes », a-t-il expliqué durant son procès. « La nuit, je rêvais que j’attaquais l’administration pénitentiaire », a-t-il raconté. A l’annonce du verdict, il a levé un de ses doigts vers le ciel en remuant les lèvres comme lors d’une incantation.

« Nous avons cherché des éléments de personnalité en sa faveur, nous n’en avons trouvé aucun », avait affirmé l’avocate générale du parquet national antiterroriste (Pnat) lors de ses réquisitions. Sa « capacité d’évolution est quasi inexistante », avait tranché la magistrate. « Aucune autre peine que la peine maximale n’est envisageable », avait-elle estimé.

Avant Michaël Chiolo, seuls deux hommes liés à la mouvance djihadiste avaient écopé d’une peine de perpétuité incompressible en France : Salah Abdeslam, l’un des auteurs des attentats du 13 novembre 2015 qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), et Brahim Aouissaoui, l’auteur de l’attentat de la basilique de Nice, qui avait fait trois morts, le 29 octobre 2020.

« Instigateur »

Le 5 mars 2019, Michaël Chiolo et sa compagne Hanane Aboulhana, qui lui rendait visite, avaient grièvement blessé deux surveillants avec deux couteaux en céramique dans l’enceinte de la prison. Le couple s’était ensuite retranché pendant près de dix heures dans l’unité de vie familiale (UVF) de l’établissement pénitentiaire.

Après plusieurs tentatives de négociation, les forces d’intervention de la police avaient lancé l’assaut, blessant Michaël Chiolo et tuant Hanane Aboulhana, 34 ans.

Reconnu coupable de complicité de tentative d’assassinat, Abdelaziz Fahd, 39 ans, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 30 ans. Malgré ses dénégations, durant l’enquête et pendant le procès, l’accusation a vu en lui « l’instigateur » de l’attentat.

Délinquant de droit commun multirécidiviste, incarcéré sans discontinuer depuis 2006, Abdelaziz Fahd est « incapable de toute forme de remise en question », avait estimé le Pnat dans ses réquisitions. En mars dernier, il avait tenté de se faire livrer par drone un paquet contenant un couteau en céramique au centre pénitentiaire de Beauvais (Oise).

« Frère siamois djihadiste »

Seul acquitté du procès, Jérémy Bailly a été condamné à 28 ans de réclusion en 2017 pour son implication dans une attaque à la grenade contre une épicerie casher de Sarcelles (Val-d’Oise) en septembre 2012. Il était membre de la cellule djihadiste surnommée « Cannes-Torcy » où se regroupaient des candidats au départ sur zone irako-syrienne.

Présenté par l’accusation comme « le frère siamois djihadiste » de Michaël Chiolo, Nabil Ganned, 35 ans, a reconnu avoir été présent dans la salle commune de la prison, surnommée « le gourbi », quand Chiolo discutait de son projet. A-t-il pris part aux discussions ? Personne n’est en mesure de l’affirmer mais, selon le Pnat, « le vide de ses réponses nous a parfois donné le vertige ».

La cour l’a condamné à 20 ans de réclusion criminelle avec une période sûreté des deux tiers. Les condamnés disposent de dix jours pour interjeter appel.

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