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Prix des énergies en France : l’État veut désamorcer le risque de crise sociale


l'analyste de Commerzbank Carsten Fritsch voit dans cette accélération très forte des prix un "mouvement de panique et de peur" (Photo AFP)

Le gouvernement français, confronté à une flambée du prix des énergies et notamment du gaz, a annoncé mardi des mesures « avant la fin octobre » pour désamorcer les risques d’un mouvement de protestation rappelant les gilets jaunes en pleine campagne présidentielle.

Lundi, le régulateur de l’énergie a annoncé une hausse de 12,6% TTC au 1er octobre des tarifs réglementés du gaz appliqués par Engie, dans le sillage de la hausse des cours sur le marché. Les prix sont à des niveaux élevés en Europe pour diverses raisons : stocks bas, forte demande en Asie, incapacité de la Norvège et de la Russie à augmenter leurs livraisons.

« On a effectivement une augmentation très forte, qui suscite une inquiétude parfaitement légitime de nos compatriotes », a reconnu mardi sur Cnews le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.

Le sujet est d’autant plus épineux qu’une hausse des tarifs réglementés de l’électricité devrait suivre normalement en début d’année prochaine. L’UFC-Que choisir craint une augmentation de 10%.

« Bombe sociale » 

« C’est une bombe sociale à retardement qui va venir très rapidement, comme les +gilets jaunes+ », a mis en garde sur France 2 l’ex-ministre socialiste Ségolène Royal.

Partageant cette inquiétude, l’exécutif avait déjà anticipé en annonçant dès le 15 septembre un chèque énergie exceptionnel de 100 euros pour aider près de 6 millions de ménages modestes à payer leur facture énergétique.

Engie a annoncé mardi que ses conseillers pourront accorder « des étalements de paiement ».

À six mois de la présidentielle, le sujet est trop inflammable pour laisser les oppositions politiques, qui multiplient les propositions, occuper seules le terrain. « Je ne veux pas rentrer dans les détails mais on travaille à des mesures supplémentaires », a donc annoncé mardi sur Europe 1 le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

Constatant que « les hausses s’accélèrent », l’exécutif cherche à « anticiper » pour « atténuer l’effet de ces hausses » et fera des annonces de nouvelles mesures « avant la fin octobre », a précisé une source gouvernementale. Selon cette source, ces mesures s’adressant aux ménages mais aussi aux entreprises, ne seraient pas forcément des leviers fiscaux (TVA) ou une nouvelle rallonge au chèque énergie, mais pourraient concerner des mécanismes de lissage en amont dans la construction du prix.

Les discussions sont en cours, a indiqué à ce propos mardi le président de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), mettant en garde contre les pronostics. « Il faut travailler encore tout octobre, tout novembre, jusqu’au 15 décembre, il y a un budget qui sera voté au Parlement, des prix qui vont arriver, il y a des négociations qui sont en cours. Ce n’est pas le moment d’en parler, mais le moment d’y réfléchir », a dit Jean-François Carenco sur BFM Business.

Supprimer les taxes

Mais pour les partis d’opposition, il faut prendre immédiatement des mesures drastiques en réduisant les taxes.

« Ce qu’il y a de plus scandaleux (…), c’est que grâce aux taxes et à la TVA, plus les Français étouffent, plus l’État s’enrichit », s’est indignée sur Twitter la candidate RN à la présidentielle Marine Le Pen.

Le candidat communiste Fabien Roussel propose aux consommateurs un simulateur leur permettant de vérifier qu’en ramenant la TVA à 5,5% et en supprimant les autres taxes, ils réduiraient leur facture énergétique de 31,5%. Ce grand défenseur de la filière nucléaire demande aussi « un service public de l’énergie avec EDF, avec Engie », pour reprendre « en main notre souveraineté en matière de production, de distribution d’énergie », a-t-il expliqué sur BFMTV.

Jouer sur les taxes sur le gaz pour faire baisser le prix ? « La seule taxe vraiment importante qu’il y a sur le gaz c’est la TVA. Pour le moment ce n’est pas la solution que nous avons mise sur la table », a commenté Bruno Le Maire. Le ministre de l’Économie dénonce en revanche « une aberration du marché unique de l’énergie européen » quand « la flambée du prix du gaz se répercute sur les prix de l’électricité » et indique avoir écrit au président de l’Eurogroupe pour « transformer en profondeur le marché de l’énergie européen ».

« Il faut travailler à une réforme, mais c’est suffisamment important pour y aller calmement et en discuter tous ensemble », a mis en garde Jean-François Carenco.

AFP/LQ