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Présidentielle sur mesure pour Poutine, avec l’Ukraine en toile de fond


L'issue du scrutin qui s'est ouvert vendredi et dans lequel Vladimir Poutine, 71 ans, fait face à trois candidats triés sur le volet et sans envergure, ne fait aucun doute. (Photo AFP)

Les Russes votent dimanche, dernier jour d’un scrutin sur mesure destiné à réélire triomphalement Vladimir Poutine, l’opposition ayant été éradiquée et le Kremlin présentant l’union nationale comme un devoir patriotique, en plein assaut contre l’Ukraine.

Les détracteurs du président russe, aux commandes du pays depuis 24 ans, vont néanmoins tenter de se faire entendre, malgré les mises en garde des autorités, en appelant leurs partisans à venir voter en masse à midi. De premières estimations et les résultats d’un sondage d’un institut étatique, Vtsiom, devraient être connus peu après la fermeture des derniers bureaux de vote à 19 h GMT dans l’enclave de Kaliningrad.

L’issue du scrutin qui s’est ouvert vendredi et dans lequel Vladimir Poutine, 71 ans, fait face à trois candidats triés sur le volet et sans envergure, ne fait aucun doute. L’opposition a été décimée par des années d’une répression qui s’est encore accélérée avec le conflit en Ukraine, toile de fond de ces élections.

Et toute la semaine a été marquée par des frappes meurtrières et des tentatives d’incursion armées depuis l’Ukraine sur le territoire russe, répliques aux bombardements et assauts quotidiens des forces du Kremlin chez sa voisine depuis plus de deux ans.

Dimanche, une adolescente de seize ans a été tuée dans une attaque aérienne sur la ville de Belgorod, proche de la frontière et très souvent ciblée, a indiqué le gouverneur Viatcheslav Gladkov. Une frappe de drones imputée à l’Ukraine a également provoqué l’incendie d’une raffinerie dans le sud de la Russie, les autorités régionales faisant état d’un mort après une crise cardiaque.

Malgré ces attaques, un conflit meurtrier qui se prolonge et des libertés de plus en plus restreintes, le maître du Kremlin peut compter sur une popularité bien réelle et voit l’élection comme une démonstration d’unité des Russes derrière lui.

L’opposition à midi

« Il nous faut confirmer notre unité et détermination à aller de l’avant », a-t-il martelé jeudi, jugeant « critique de ne pas se détourner du chemin », le pays étant, dans son esprit, la cible d’une guerre ourdie par l’Occident. Une vision partagée par nombre de ses compatriotes. « Les actions que l’Occident nous inflige ne font qu’unir davantage le peuple russe », jure auprès de l’AFP Lioubov Piankova, une retraitée de 70 ans de Saint-Pétersbourg, ville natale du chef de l’Etat.

Les principaux détracteurs de Vladimir Poutine sont, quant à eux, morts, en prison ou en exil, une répression qui a culminé avec le mystérieux décès d’Alexeï Navalny dans une prison d’une contrée reculée de l’Arctique russe. Si les opposants n’ont aucune chance de peser sur le vote, ils veulent néanmoins montrer qu’ils existent, comme lors des obsèques de Navalny lorsque des foules lui ont rendu hommage à Moscou.

Ioulia Navalnaïa, qui a promis malgré son exil de reprendre le flambeau de son mari, a appelé ses partisans à aller aux urnes au même moment, à midi dimanche (09H00 GMT), et donner leur voix à n’importe quel candidat autre que Poutine.

Juste avant l’heure dite, des électeurs ont commencé à affluer au bureau de vote où le défunt opposant votait à Moscou, ont constaté des journalistes de l’AFP. « C’est la dernière forme de protestation où tu peux t’exprimer librement », a confié Alexandre, 29 ans. « Si je n’avais pas fait ça, je me serai senti lâche ». Les autorités de la capitale ont mis en garde contre toute forme de protestation.

Incursions et drones

S’agissant de l’Ukraine, alors que le conflit a coûté la vie probablement à des dizaines de milliers de soldats russes, Moscou s’efforce de présenter avec triomphalisme de récentes conquêtes, à l’importance pourtant limitée, et de marteler que la Russie joue sa survie face à l’Occident.

Toute la semaine, l’armée russe a aussi dit repousser des tentatives d’incursions armées depuis l’Ukraine voisine dans les régions de Belgorod et Koursk, des assauts revendiqués par des unités anti-Poutine se disant composées de Russes. Samedi encore, l’un de ces groupes, « Légion Liberté de la Russie », a appelé les civils à évacuer la ville de Belgorod: « vous n’êtes pas obligés d’être les boucliers humains de Poutine ». Un autre, le Bataillon sibérien a affirmé dimanche matin être entré dans un hameau russe, Gorkovski.

Plusieurs personnes sont mortes dans ces régions ces derniers jours en outre dans des attaques de drones, de roquette et d’artillerie, même si la défense anti-aérienne russe semble en mesure d’abattre l’essentiel des projectiles. L’armée russe a dit dimanche avoir détruit dans la nuit 35 drones ukrainiens volant au-dessus de plusieurs régions, dont celle de Moscou.

Trois aéroports ont dû restreindre leurs activités pendant moins de deux heures en fin de matinée pour des raisons de « sécurité », a indiqué l’agence fédérale chargée du transport aérien, des drones ayant survolé cette région. Moscou continue pour sa part ses bombardements de l’Ukraine. Une frappe a tué 21 personnes à Odessa vendredi.