Le premier débat télévisé lundi soir entre cinq des candidats à l’élection présidentielle les mieux placés dans les sondages a attiré sur TF1 9,8 millions de téléspectateurs en moyenne, soit 48% de part d’audience, selon des données de Médiamétrie mardi.
C’est la meilleure part d’audience de l’année toutes chaînes, tous programmes et toutes cases horaires confondus depuis le début de l’année, selon TF1. La chaîne avec ce débat de près de 3h30, a largement devancé ses concurrentes. Exercice inédit sous la Ve République avant un premier tour, François Fillon, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron se sont mesurés dans ce long débat également diffusé sur LCI, et présenté par Anne-Claire Coudray et Gilles Bouleau.
L’émission a réalisé un pic d’audience à 21h45 avec 11,5 millions de téléspectateurs. Toutefois, beaucoup de gens ont lâché avant la fin tant le débat s’est éternisé. « Sur les réseaux sociaux tout le monde a décroché à la troisième partie, un tweet disait que seuls restaient les journalistes et les communicants », estiment des spécialistes médias. Le débat a aussi tardé à décoller. « Pendant une heure chacun courait en solitaire et déroulait son programme sans se regarder. »
Un Mélenchon « très drôle » qui « a dominé le show »
Tous s’accordent à dire que le plus convaincant de cette soirée est sans doute Jean-Luc Mélenchon, qui a surclassé ses adversaires : « Il sait s’adresser aux gens avec un langage direct et un brillant sens de la formule. Il a généré le plus de conversations sur les réseaux », note Thierry Herrant, l’un des trois analystes interrogés. « Il a été très drôle et a dominé le show », ajoute Philippe Moreau-Chevrolet. « Il a donné les respirations, a été moins agressif et a même échangé un sourire avec Marine Le Pen », renchérit Anne-Claire Ruel.
Tous estiment que Marine Le Pen a pu mettre en avant sa rhétorique rodée sur ses thèmes habituels, et réalisé une bonne opération. « Pour Marine le Pen c’est historique : elle a été intégrée dans le jeu démocratique, a ri de blagues de Mélenchon, était en empathie avec les autres, ce que son père n’aurait jamais pu faire », a relevé Philippe Moreau-Chevrolet.
Emmanuel Macron a en revanche été jugé plus mitigé. « Il ne s’en est pas mal sorti mais a des tics de langage et du mal à s’exprimer simplement, il veut trop ménager la chèvre et le chou et un langage trop techno. Mais poussé dans ses retranchements il a été meilleur, notamment quand il a été attaqué par Marine le Pen sur l’Europe », juge Thierry Herrant. « Macron a un peu déçu, à cause de son manque d’expérience, avec des colères parfois un peu artificielles mais aussi parce qu’il y avait de telles attentes sur sa performance », a renchéri Philippe Moreau-Chevrolet. Hamon a lui été jugé un peu décevant. Pour Thierry Herrant, « il était un peu absent des moments animés du débat et a du mal à trouver d’autres marqueurs que celui du revenu universel », selon Thierry Herrant. « Il a lâché assez vite quand il s’est fait attaquer sur le revenu universel », a également estimé Anne-Claire Ruel.
Tous jugent que François Fillon s’en est bien sorti. « Fillon avait besoin de montrer sa présidentialité, et a eu sa posture habituelle, calme, en laissant s’écharper les autres pour ensuite conclure les discussions. Il a eu un moment difficile sur ses affaires, mais les autres ont été plutôt gentils, sauf Mélenchon qui a dit tout haut ce que tous pensaient tout bas », remarque Thierry Herrant.
Le Quotidien/AFP