Des frappes israéliennes de grande ampleur visant le Hezbollah ont fait 492 morts lundi au Liban, et font craindre un embrasement de la région près d’un an après l’attaque du 7 octobre perpétrée par le Hamas.
L’armée israélienne a confirmé avoir frappé jusque tard dans la soirée « environ 1.600 cibles terroristes dans le sud du Liban et dans la vallée de la Bekaa », des bastions du mouvement pro-iranien qui bombarde régulièrement son territoire en soutien à son allié gazaoui.
Le Hezbollah a revendiqué de nouveaux tirs dans la nuit de missiles Fadi 2 vers Israël. L’armée israélienne a confirmé avoir détecté une vingtaine de tirs, sans faire état de victimes.
Au Liban, les frappes aériennes israéliennes de lundi « ont causé le martyre de 492 personnes, dont 35 enfants et 58 femmes, et blessé 1.645 autres », a déclaré le Centre des opérations d’urgence du ministère libanais de la Santé dans un décompte en soirée.
L’armée israélienne a fait état d’un « grand nombre » de membres du Hezbollah tués dans la journée.
« C’est une catastrophe, un massacre », a déclaré lundi Jamal Badrane, un médecin de l’hôpital du Secours populaire à Nabatiyé, une ville du sud. « Les frappes n’arrêtent pas, ils nous ont bombardés alors qu’on retirait des blessés », a-t-il dit.
Des milliers de familles ont fui les zones bombardées, selon le ministère de la Santé.
Risque de « guerre totale »
Des déplacés du sud ont afflué dans la capitale et à Saïda, accueillis dans des structures d’accueil, ont constaté des photographes.
Réfugié dans une école de Saïda, Hassan Banjak n’avait pas quitté sa région « depuis le début de la guerre et des bombardements de l’ennemi israélien ». « Mais lorsque les frappes se sont intensifiées et rapprochées, les enfants ont eu peur et nous avons décidé de partir », dit-il.
Dans une vidéo, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a recommandé en fin de journée aux Libanais de « s’éloigner des zones dangereuses » dans l’attente de la fin de « l’opération ».
Son homologue libanais, Najib Mikati, a dénoncé « un plan de destruction » de son pays, où les écoles resteront fermées mardi.
Depuis New York, où se tient l’Assemblée générale de l’ONU, le ministre des Affaires étrangères français Jean-Noël Barrot a annoncé lundi que Paris demandait la convocation d’une « réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur le Liban cette semaine ».
« Nous sommes au bord d’une guerre totale », s’est pour sa part alarmé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.
En une journée, l’armée israélienne a « neutralisé des dizaines de milliers de roquettes et de munitions », a affirmé le ministre de la Défense, Yoav Gallant, estimant que le Hezbollah vivait sa « semaine la plus difficile depuis sa création » en 1982.
L’armée israélienne a aussi annoncé une « frappe ciblée » à Beyrouth, visant, selon le Hezbollah, le commandant pour le front sud de cette formation, Ali Karaké. La formation a assuré que ce dernier était indemne.
M. Netanyahu a affirmé qu’Israël était en train d’inverser le « rapport de forces » dans le nord du pays, où il est déterminé à permettre le retour des dizaines de milliers d’habitants déplacés.
Les échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah — qui a juré de continuer à attaquer Israël « jusqu’à la fin de l’agression à Gaza » — ont gagné en intensité depuis la vague d’explosions des appareils de transmission du mouvement, attribuée à Israël, qui a fait 39 morts, selon les autorités libanaises, les 17 et 18 septembre au Liban.
Au menu de l’ONU
La crainte d’une escalade va dominer à partir de mardi la grand-messe annuelle de l’ONU, à laquelle participera pour la dernière fois le président américain Joe Biden.
Un porte-parole américain a assuré que les États-Unis, principal allié d’Israël, allaient présenter des idées « concrètes » pour faire baisser la tension.
De nombreux pays, dont la Russie, le Qatar, l’Égypte et la Jordanie, ont fait part de leur inquiétude. Le G7 a souligné qu' »aucun pays n’a à gagner » d’une escalade au Moyen-Orient, pointant le risque d’un « conflit régional aux conséquences inimaginables ».
La Chine a de son côté dénoncé mardi des « attaque aveugles » contre des civils.
L’Irak a dit vouloir une « réunion urgente » des pays arabes en marge de l’Assemblée générale de l’ONU pour « stopper » Israël, que la Turquie a accusé de vouloir « mener toute la région au chaos ».
Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a également accusé Israël, ennemi juré de Téhéran, de vouloir « élargir » le conflit.
Dimanche, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres s’était inquiété que le Liban devienne un « autre Gaza ».
La guerre dans la bande de Gaza a éclaté le 7 octobre 2023, quand le Hamas a mené une attaque dans le sud d’Israël qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte basé sur les chiffres officiels israéliens qui inclut les otages morts ou tués en captivité à Gaza.
Sur les 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 déclarées mortes par l’armée.
En représailles, Israël a juré de détruire le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne.
L’offensive lancée par son armée à Gaza a fait jusque-là au moins 41 455 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU. Elle y a aussi provoqué un désastre humanitaire.
La priorité pour l UE sera de gérer les flux migratoires provoqués par les belligérants. C est un point qui doit absolument être discuté après les récentes élections européennes. La migration doit faire l objet d un débat de fond et l avis de chaque pays européen doit être entendu pour obtenir un consensus. Pour le reste, il est inutile d espérer avoir un impact politique sur le conflit.