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Poutine promulgue une loi étendant le statut « d’agent de l’étranger »


Le texte de loi promulgué par le président russe prévoit son entrée en vigueur immédiate. (illustration AFP)

Le président russe Vladimir Poutine a promulgué lundi une loi controversée permettant d’étendre le statut d' »agent de l’étranger » à des journalistes et des internautes, un texte qui était dénoncé par les ONG de défense des droits humains.

Les défenseurs des droits de l’Homme voient dans cette loi, votée fin novembre par les députés, un risque supplémentaire de censure et de menaces sur la liberté d’expression. Le texte de loi, publié sur le portail officiel russe, prévoit son entrée en vigueur immédiate. Le ministère de la Justice pourra désormais désigner comme « agent de l’étranger » des personnes physiques travaillant pour des médias tombant sous le coup de cette classification, selon le texte de la loi.

Neuf ONG de défense des droits humains, dont Amnesty International et Reporters Sans Frontières, ont dit redouter que ces amendements puissent viser non seulement des journalistes, mais aussi tout blogueur ou internaute bénéficiant de bourses, financements ou revenus d’un média concerné. « Cela deviendra un outil puissant pour museler les voix d’opposition », ont dénoncé ces ONG dans un communiqué publié le mois dernier.

Lourdes amendes et interdictions

Depuis 2012, une loi russe permet aux autorités de désigner comme « agents de l’étranger » des associations recevant des financements hors de Russie et ayant une « activité politique ». En 2017, cette possibilité avait été étendue aux médias travaillant en Russie. Sous peine de lourdes amendes ou d’interdictions, la loi oblige les entités reconnues comme telles à de contraignantes mesures administratives et à la mention de ce statut dans toutes leurs publications.

En Russie, l’ONG respectée Mémorial, l’association anti-corruption de l’opposant Alexeï Navalny et le média RFE/Radio Svoboda, financé par le Congrès américain, sont reconnus comme « agents de l’étranger ». Le terme était appliqué à l’époque stalinienne aux opposants réels ou supposés, puis a été employé dans les années 1970 et 1980 pour qualifier les dissidents, accusés d’être à la solde de l’Occident.

LQ/AFP