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Poutine au Vietnam : ce qu’il faut savoir


Le président russe est arrivé à Hanoï jeudi. (photo AFP)

Le Vietnam, où le président russe Vladimir Poutine effectue jeudi une visite d’État d’un jour après la Corée du Nord, est un allié de longue date et acheteur fidèle d’armes russes.

Pourquoi Moscou et Hanoï s’entendent-ils bien ? 

La proximité entre Hanoï et Moscou tire ses racines de l’époque soviétique. Durant des décennies, l’URSS a formé des cadres du parti communiste vietnamien (PCV), dont Ho Chi Minh, le père de l’indépendance, qui s’est rendu sur place pour la première fois en 1923.

Durant la guerre du Vietnam, le pouvoir soviétique a fourni armes, avions de chasse, tanks et des milliers de soldats à son allié du Nord, en réponse à l’intervention directe de Washington qui soutenait le Sud capitaliste.

Depuis l’effondrement de l’URSS, la Russie continue de jouir d’une image positive au Vietnam, qui a pris le tournant de l’économie de marché dans les années 1980.

En 2012, Hanoï a hissé Moscou au rang de partenaire « stratégique spécial », soit le plus haut degré de coopération après la Chine (2008), mais avant les Etats-Unis (2023).

Que vient faire Vladimir Poutine ?

Le Vietnam est le troisième pays visité par Vladimir Poutine depuis sa réélection en mars dernier, après la Chine et la Corée du Nord. Le dernier déplacement du maître du Kremlin dans le pays d’Asie du Sud-Est remonte à 2017, à l’occasion d’un sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (Apec).

Il s’agit d’une opportunité pour le président russe de montrer qu’il dispose d’un allié « économique et politique de plus en plus courtisé par l’Occident », explique Huong Le Thu, directrice adjointe du programme Asie du centre de réflexion International Crisis Group.

Le Vietnam, cent millions d’habitants, représente un marché à fort potentiel pour la Russie, sous le coup de sanctions occidentales, d’autant plus que le volume des échanges entre les deux pays (3,5 milliards de dollars en 2022) reste très inférieur aux niveaux constatés entre le Vietnam et la Chine (175 mds USD) ou les États-Unis (123 mds USD).

La visite de Vladimir Poutine doit améliorer la coopération dans les domaines de l’investissement, des technologies, de l’énergie, ou de la sécurité, a indiqué mercredi l’ambassadeur russe à Hanoï, cité par un média d’État vietnamien.

Le Vietnam est un client de longue date pour le matériel militaire russe: les importations d’armes en provenance de Russie ont atteint 7,6 milliards de dollars entre 1995 et 2023, soit plus de 80 % du total de l’armement acheté par le Vietnam à l’étranger, selon les chiffres de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

Si depuis 2020, on voit un ralentissement, les deux pays ont un « intérêt mutuel à reprendre les ventes d’armes », a estimé Carl Thayer, professeur émerite à l’université australienne de Nouvelle-Galle du Sud, dans un contexte de tensions en mer de Chine méridionale.

« Mais le Vietnam est paralysé par la menace des sanctions américaines », a-t-il ajouté.

Que risque Hanoï ? 

En accueillant Vladimir Poutine, visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), Hanoï – qui ne reconnaît pas la CPI – risque la réprobation de ses partenaires occidentaux que le régime communiste tente également de choyer.

La politique étrangère du régime est régie par les principes souples de la « diplomatie du bambou », cherchant à éviter de s’associer trop étroitement à une grande puissance, définie par l’homme fort du régime communiste, Nguyen Phu Trong, le secrétaire général du PCV.

Le président américain et son homologue chinois se sont tous deux rendus au Vietnam l’an dernier.

Sur fond de rivalités entre la Chine et les États-Unis en Asie, Hanoï joue la carte du pragmatisme et de la prudence, vue comme bénéfique pour l’économie. Mais la guerre en Ukraine a rendu difficile ce jeu d’équilibriste, selon des experts.

Le Vietnam n’a pas participé au premier sommet pour la paix en Ukraine, organisé en Suisse mi-juin. Vladimir Poutine a salué l’approche « équilibrée » de Hanoï sur la question ukrainienne, dans une tribune publiée mercredi par le journal du PCV.

Hanoï pourrait également chercher le soutien de Moscou pour intégrer le groupe des Brics, selon des analystes.