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Pour Bettel, la Turquie d’Erdogan « piétine au quotidien » les valeurs de l’UE


"La situation m'inquiète", déclare Xavier Bettel, en citant les purges conduites dans les médias, la justice et l'administration depuis le coup d'Etat manqué de juillet et les déclarations récentes de M. Erdogan sur un possible rétablissement de la peine de mort dans son pays. (photo LQ)

En envisageant de rétablir la peine de mort ou par les purges massives de ces derniers mois, la Turquie du président Recep Tayyip Erdogan « piétine au quotidien » les valeurs de l’Union européenne, estime le Premier ministre Xavier Bettel.

Interrogé par l’AFP sur une possible rupture avec Ankara, dans les négociations d’adhésion à l’UE, M. Bettel a malgré tout jugé qu’il ne fallait pas franchir ce pas, souhaité officiellement à ce stade par un seul des 28 pays membres, l’Autriche.

« Si je coupe tout, il n’y aura plus ce cordon où on se dit : on va essayer de le retenir quand même parce qu’il y a toujours quand même cette volonté de travailler ensemble », a déclaré le Premier ministre du Grand Duché, qui est un des six membres fondateurs de l’UE, au cours d’un entretien réalisé lundi soir à Luxembourg.

Et d’enchaîner: « Les valeurs sur lesquelles est bâtie l’Union européenne sont piétinées au quotidien, mais j’espère que la Turquie redeviendra ce partenaire dans lequel j’avais cette confiance ces derniers temps ».

Aujourd’hui, a jugé Xavier Bettel, « cette confiance est très, très fragile ». « La situation m’inquiète », a-t-il poursuivi, en citant les purges conduites dans les médias, la justice et l’administration depuis le coup d’Etat manqué de juillet et les déclarations récentes de M. Erdogan sur un possible rétablissement de la peine de mort dans son pays.

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Dès le surlendemain du putsch avorté du 15 juillet, le président Erdogan avait évoqué un possible rétablissement de la peine capitale afin d’éliminer « le virus » factieux au sein de l’Etat, provoquant l’indignation de l’UE.

Onze ans après le lancement du processus d’adhésion à l’UE, en 2005, la relation entre Bruxelles et Ankara s’est encore davantage crispée avec le vote le 24 novembre par le Parlement européen d’une résolution demandant le « gel temporaire » de ces négociations.

En réaction, le président turc a menacé le lendemain d’ouvrir ses frontières pour laisser passer les migrants vers l’Europe, ce qui romprait le pacte conclu le 18 mars entre l’UE et la Turquie ayant considérablement ralenti le rythme des arrivées de réfugiés en Grèce via la mer Egée.

Le 9 novembre, la Commission européenne avait critiqué dans un rapport d’étape un « retour en arrière » de la Turquie sur les critères d’adhésion au bloc européen, en particulier en ce qui concerne la liberté d’expression et l’Etat de droit.

« Actuellement, on a un accord avec la Turquie. On respecte les engagements, c’est un principe. Si unilatéralement, il y a de leur côté la volonté de rompre, j’en prendrai acte, je le regretterai. Mais dire actuellement que les négociations vont dans le bon sens, ce serait hypocrite », a conclu M. Bettel.

Le Quotidien / AFP