Berlin a appelé jeudi le Royaume-Uni à adopter une « approche plus réaliste » dans les négociations post-Brexit avec l’Union européenne, actuellement dans l’impasse.
Il n’est pas possible pour les Britanniques de garder à la fois « une pleine souveraineté et un accès total au marché unique de l’UE », a déclaré l’ambassadeur allemand auprès de l’UE, Michael Clauss, lors d’une intervention devant le European Policy Centre.
L’UE et Londres ont entamé mardi un quatrième round de négociations d’une semaine, par visioconférence, pour tenter de trouver un compromis sur leur relation post-Brexit, après leur divorce le 31 janvier. Le Royaume-Uni est entré depuis cette date dans une période de transition, pendant laquelle il applique encore les règles européennes. Mais celle-ci s’achèvera le 31 décembre et le gouvernement britannique refuse jusqu’à présent de demander d’ici fin juin une prolongation d’un ou deux ans, comme il en a la possibilité.
Un minisommet entre le Premier ministre Boris Johnson, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et celui du Conseil, Charles Michel, doit permettre de faire le point des discussions au cours du mois. Le négociateur européen sur le Brexit, Michel Barnier, a estimé mardi que cette nouvelle semaine de discussions était « cruciale pour faire des progrès tangibles ». Il doit dresser le bilan de ce cycle vendredi lors d’une conférence de presse.
Les «graves conséquences» d’un no deal
Les Britanniques veulent obtenir des Européens un accord commercial « zéro quota, zéro tarif », que Bruxelles conditionne à un certain nombre de garanties, en particulier en matière de concurrence, pour ne pas voir surgir à sa porte une économie dérégulée. Mais la lenteur des discussions, qui bloquent également sur la question de la pêche, rend un accord de plus en plus hypothétique.
Le secteur agroalimentaire européen a d’ailleurs mis en garde jeudi dans un communiqué contre les « graves conséquences » d’un éventuel « no deal », notamment en matière d’emploi. Le commerce agroalimentaire entre l’UE et le Royaume-Uni s’est élevé à 58 milliards d’euros en 2019, rappellent FoodDrinkEurope, l’association européenne des industries d’alimentation et de boissons, le Copa-Cogeca, principal syndicat agricole dans l’UE, et CELCAA, qui regroupe les négociants du secteur agro-alimentaire.
« Nous regrettons que le gouvernement britannique soit actuellement opposé à toute prolongation de la période de transition », écrivent ces organisations, qui demandent aux négociateurs « d’envisager des dispositions alternatives et temporaires » pour 2021 si un accord était impossible cette année.
LQ/AFP