Des milliers de taxis perturbaient vendredi la circulation dans les principales villes du Portugal lors d’opérations escargot menées pour protester contre la société américaine Uber, que la profession accuse de concurrence déloyale et d’activité illégale.
A Lisbonne, de 3 000 à 4 000 taxis roulaient au pas, selon les deux principales organisations du secteur à l’origine du mouvement, l’association Antral et la Fédération portugaise des taxis. Selon cette dernière, l’activité du secteur a baissé d’environ 20% depuis l’arrivée d’Uber dans les rues du Portugal en juillet 2014.
Environ 1 000 manifestants étaient mobilisés à Porto et plus d’une centaine à Faro. « Uber go home », « Uber est illégal » ou encore « Uber est un crime national » pouvait-on lire sur des affiches collées sur les vitres des taxis lisboètes, qui arboraient des rubans noirs en signe de « deuil de la profession ». L’accès à l’aéroport de Lisbonne a été temporairement bloqué par le passage du cortège qui se dirigeait vers l’Assemblée de la République. Déboussolés par la grève, les touristes se rabattaient sur le métro.
« Il faut que le gouvernement interdise l’activité d’Uber qui fait une concurrence déloyale aux taxis. On n’a pas besoin de subventions de l’État mais on veut que la loi soit appliquée », a déclaré Florencio Almeida, président de l’Antral.
Soucieux d’apaiser la colère des chauffeurs de taxi, le gouvernement socialiste avait débloqué en mars 17 millions d’euros pour la modernisation du secteur, mais ce geste a été jugé insuffisant par les manifestants. « Ils ne sont pas soumis aux mêmes lois que nous et ne respectent pas les règles. Si le gouvernement n’interdit pas à Uber d’exercer son activité, il faut qu’ils paient les assurances comme nous! », s’emporte Rui Pinto, 34 ans, chauffeur de taxi lisboète. « Ils ne paient pas d’impôts, c’est du vol », renchérit Antonio Nunes, 80 ans, autre manifestant à Lisbonne, avant d’ajouter qu’ « à cause d’Uber, parfois je ne fais que cinq courses par jour au lieu de dix. »