Le ministre portugais de la Culture Joao Soares, 66 ans, qui avait déclenché une tempête sur les réseaux sociaux après avoir promis sur sa page Facebook des « gifles salutaires » à deux journalistes, a démissionné vendredi de son poste.
« J’ai présenté ce matin ma démission au Premier ministre Antonio Costa », pour des raisons de « profonde solidarité avec le gouvernement et son projet politique de gauche », a-t-il déclaré dans un communiqué publié par l’agence de presse portugaise Lusa.
Le fils de l’ancien président de la République Mario Soares, dont la démission a été acceptée par M. Costa, a indiqué aussi ne pas vouloir « renoncer au droit à la liberté d’expression et d’opinion ». « Des gifles salutaires ne peuvent leur faire que du bien. Et à moi aussi », avait-il écrit sur Facebook jeudi matin, irrité par les commentaires acerbes de deux éditorialistes du journal de référence portugais Publico publiés la veille.
« La culture n’est pas Charlie », « La liberté d’expression est un droit » ou encore « Démissionnez, la culture de ce pays a honte de vous! », s’étaient insurgés des internautes dans les nombreux commentaires postés sur les réseaux sociaux.
Sous le feu des critiques, il avait fini par présenter ses excuses quelques heures plus tard: « Je suis un homme pacifique, je n’ai jamais frappé personne. Je n’ai pas réagi à des opinions, mais à des insultes. Je demande pardon si je les ai effrayés ». Antonio Costa est intervenu jeudi soir en s’excusant à son tour auprès des deux journalistes, Augusto Seabra et Vasco Pulido Valente, et en rappelant à l’ordre son bouillant ministre de la Culture.
« Même au cours de conversations de comptoir, les ministres ne doivent jamais oublier qu’ils sont membres du gouvernement et qu’ils doivent modérer leurs paroles et leurs émotions », a-t-il commenté. Dans l’éditorial qui avait suscité l’ire du ministre, Augusto Seabra avait écrit: « La nomination de Joao Soares reste inexplicable. En place depuis quatre mois, il n’a imprimé aucune ligne politique, mais un style marqué par le copinage, l’autoritarisme et la grossièreté ».
Joao Soares, maire de Lisbonne entre 1995 et 2002, est le premier ministre à démissionner du gouvernement socialiste, qui était entré en fonctions fin novembre après avoir évincé du pouvoir l’exécutif minoritaire de droite grâce à une alliance avec la gauche radicale. Saluant une décision « saine », Augusto Seabra a estimé que Joao Soares avait « démontré qu’il ne savait pas se comporter en ministre ». Il « n’avait pas d’autre choix » que de démissionner après les propos réprobateurs tenus par Antonio Costa, a renchéri son confrère Vasco Pulido Valente.
Pour l’opposition de droite, le comportement de Joao Soares reflète une attitude plus générale des membres du gouvernement socialiste: « Ils tentent de mettre la pression » sur les journalistes pour « restreindre la liberté d’expression », a assuré le chef de file parlementaire du PSD, Luis Montenegro.
Le Quotidien/AFP