L’ouragan Maria a « anéanti » Porto Rico, a affirmé jeudi le président américain Donald Trump après avoir décrété l’état de catastrophe naturelle sur l’île caribéenne qui se prépare à affronter des inondations potentiellement « catastrophiques ».
L’ouragan, désormais classé en catégorie 3 (sur une échelle de 5), devait passer jeudi à une centaine de kilomètres au nord de la République dominicaine, et continuer sa route vers les îles britanniques Turques-et-Caïques.
Au total, Maria a fait 10 morts après son passage en Guadeloupe et sur l’île de La Dominique. A Porto Rico, l’ouragan a fait d’énormes dégâts sur un pays en faillite, et désormais sans électricité. « Porto Rico est absolument anéanti », a déclaré Donald Trump en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. L’île « est dans un état très, très, très délicat… Le réseau électrique est détruit », a-t-il ajouté.
La veille, il avait signé un décret libérant des fonds fédéraux pour l’aide d’urgence à Porto Rico. Ces fonds comprennent aussi des prêts pour réparer les maisons et constituer des abris temporaires, ou rembourser les pertes matérielles non assurées.
Maria, oscillant entre les catégorie 4 et 5 lorsqu’il a touché Porto Rico, laisse derrière lui d’innombrables toitures arrachées, des immeubles détruits et des villes sous l’eau. Des dizaines de milliers de personnes se sont réfugiées dans des centres d’accueil. « C’est vraiment notre pire expérience d’un ouragan », a affirmé à l’AFP Kim Neis. « Aucun de ceux que nous avons subis n’était aussi intense », a expliqué cette Américaine vivant sur l’île depuis trente ans.
Autour de San Juan, la capitale, plusieurs dizaines de familles ont dû fuir pendant la nuit la montée des eaux. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux par une résidente du quartier de Toa Baja montre les flots atteignant le deuxième étage de sa maison. « Nous sommes pris au piège, Dieu ne nous aide pas, nous ne pouvons rien faire », déplore cette femme. « Nous ne pouvons pas grimper (sur le toit) à cause du vent, regardez les vagues d’eau », lance-t-elle.
Selon le centre américain des ouragans, les pluies pourraient atteindre 50 à 75 cm d’ici samedi, voire 90 cm par endroits. « Si vous le pouvez, montez vers les hauteurs MAINTENANT », lançait jeudi à l’aube dans un tweet le service météorologique national, parlant d’inondations « catastrophiques », et de risque de glissements de terrain.
L’ouragan est « la tempête la plus dévastatrice » du siècle, a déclaré le gouverneur de Porto Rico, Ricardo Rossello. Le dernier ouragan de grande ampleur à toucher l’île était Okeechobee, connu aussi comme San Felipe Segundo, en 1928, qui avait tué 300 personnes.
« Il y a beaucoup d’inondations, beaucoup d’infrastructures endommagées, le système de télécommunications est partiellement détruit et l’infrastructure énergétique ne fonctionne plus du tout », a encore déclaré le gouverneur à CNN. Celle-ci avait déjà été endommagée par Irma, et cette fois, « je crains que les dégâts ne soient très sévères », a ajouté M. Rossello.
La dévastation est « pratiquement absolue », a témoigné en pleurs la maire de la capitale, Carmen Yulin Cruz, dans un refuge, ajoutant que « de nombreuses parties de San Juan sont complètement inondées ». « Notre vie telle que nous l’avons connue a changé », a-t-elle assuré.
Un couvre-feu a été instauré de 18h à 06h
Au vu des dégâts, l’île de 3,5 millions d’habitants pourrait être privée d’électricité « pendant quatre à six mois », a-t-elle prédit, citée par NBC. Un homme est mort à Bayamon, dans le nord-est de l’île, frappé par une planche qu’il avait utilisé pour bloquer une fenêtre et que le vent a arrachée, a annoncé le gouvernement. Dans les refuges, chacun a son témoignage de la violence de Maria. « Quand les vents ont commencé à souffler fort (…) nous avons dû monter aux deuxième et troisième étages avec toutes nos affaires et les chiots », a raconté par téléphone à l’AFP Suzette Vega, une habitante de 49 ans qui a trouvé refuge avec 1.200 personnes dans une salle de concert de San Juan. « Quand j’ai levé les yeux j’ai vu le toit trembler comme une feuille. J’ai demandé +Mais il est en carton?+. On m’a répondu +Non, c’est du ciment+ », a-t-elle ajouté.
Un couvre-feu a été instauré de 18h à 06h locales, autant par sécurité que pour éviter les pillages dans les maisons abandonnées par leurs habitants.
Comme Porto Rico, plusieurs îles des Caraïbes ont été touchées par Maria, après Irma il y a deux semaines. En Guadeloupe, touchée mardi, au moins deux personnes sont mortes et deux autres sont portées disparues en mer.
Plus au sud, sur l’île de la Dominique elle aussi totalement ravagée mardi par Maria, sept personnes ont perdu la vie. Ce bilan pourrait encore s’alourdir, selon les autorités, les vents violents rendant difficiles les opérations de secours. Des images aériennes de l’AFP montrent une partie de la Dominique jonchée de débris, notamment de toitures arrachées. Un vol de reconnaissance a permis au Centre des situations d’urgence des Caraïbes (CDEMA) d’estimer les dommages à « 70-80% des constructions » selon son directeur, Ronald Jackson.
« Le pays est complètement assommé », a déclaré un conseiller du Premier ministre de la Dominique. « Il n’y a plus d’électricité, plus d’eau courante, plus de téléphones ni fixes ni cellulaires, et tout ça risque de durer un bon moment », a-t-il expliqué. Les Iles Vierges américaines ont elles aussi pâti du passage de l’ouragan, mais sans qu’aucune victime soit recensée à ce stade, alors qu’Irma y avait fait 9 morts. Maria semble aussi avoir épargné l’île franco-néerlandaise de Saint-Martin, où Irma avait fait 15 morts.
Le Quotidien / AFP