Les Polonais ont commencé à voter dimanche aux élections législatives, que les populistes au pouvoir devraient remporter grâce à leur programme social très populaire.
Mais il n’est pas sûr qu’ils gardent la majorité absolue, ce qui laisse une petite chance à l’opposition, si elle parvient à s’unir.
Les Polonais doivent élire leurs 460 députés et 100 sénateurs pour un mandat de quatre ans. Ouverts à 7 heures du matin, les bureaux de vote doivent fermer à 21h et des résultats approximatifs doivent être annoncés immédiatement après grâce aux sondages de sortie des urnes.
Les principaux leaders, Jaroslaw Kaczynski, chef des conservateurs de Droit et Justice, au pouvoir, et Malgorzata Kidawa-Blonska, candidate de la Coalition Civique (centriste, opposition) au poste de Premier ministre, doivent voter en milieu de journée à Varsovie.
La Nobel en renfort de l’opposition
L’opposition a reçu un soutien de dernière minute de la femme de lettres Olga Tokarczuk, qui venait de recevoir jeudi le Prix Nobel de littérature. Parlant aux médias, elle a appelé les Polonais à choisir « entre la démocratie et l’autoritarisme » lors de ces élections, qu’elle juge « les plus importantes » depuis la chute du communisme en 1989.
En place depuis 2015, le parti conservateur nationaliste Droit et Justice (PiS), conduit par Jaroslaw Kaczynski, a cherché à mobiliser les couches défavorisées des campagnes en s’érigeant en défenseur des valeurs familiales face à « l’idéologie LGBT » et surtout en promettant une nouvelle allocation familiale, la baisse des impôts et la hausse du salaire minimum.
Considéré comme l’homme politique le plus influent de Pologne, Kaczynski a clivé la société en attaquant les minorités sexuelles et en rejetant les valeurs libérales occidentales, avec la bénédiction tacite de l’influente Eglise catholique.
En politique étrangère, Kaczynski fait partie, aux côtés du Hongrois Viktor Orban, des dirigeants populistes européens prônant une Europe des nations et refusant l’évolution fédéraliste encouragée par Berlin et Paris.
Retour de la gauche
En face, l’opposition centriste de la Coalition civique (KO) s’appuie sur les habitants des grandes villes irrités par les réformes controversées du PiS, dont celles du système judiciaire, et par la transformation des médias publics en instruments de propagande gouvernementale.
Une coalition de gauche, qui condamne la campagne anti-LGBT du PiS et son alliance avec l’épiscopat mais approuve son programme social, devrait retrouver les bancs du parlement après une absence de quatre ans.
Selon les sondages, deux formations plus petites, le parti paysan et l’extrême droite, pourraient également franchir le seuil d’éligibilité de 5% des suffrages.
Deux enquêtes d’opinion publiées vendredi ont suggéré que le PiS n’était pas tout à fait assuré de garder la majorité absolue. Elles ont crédité ce parti de 40% et de 41,7% contre 41,4% et 45% pour le total des voix des trois principaux partis d’opposition.
« La participation décidera si le PiS pourra gouverner tout seul, s’il devra bâtir une coalition, voire même s’il peut perdre sa majorité », a expliqué une politologue de l’Université de Varsovie Anna Materska-Sosnowska.
Réaction populiste
Le PiS a bâti sa popularité sur la réaction de rejet populiste contre les élites libérales, analogue au phénomène que connaît l’Occident, en promettant de bâtir un Etat providence pour tous.
Son programme social – et la rapide mise à l’écart de ceux qui, dans ses propres rangs, sont soupçonnés de comportements douteux – ont protégé son image contre une série d' »affaires ».
« Ils (le PiS) ont chassé tous ceux qui ont été touchés par les scandales… donc ils sont crédibles », lance Janina, une retraitée de 74 ans de Varsovie.
« Mes petits-enfants reçoivent l’allocation ‘500+’ (500 zlotys soit 116 euros par mois), ma retraite a été augmentée », a-t-elle expliqué, confirmant qu’elle voterait PiS.
D’autres électeurs pensent que cet argument n’est pas suffisant.
« Le PiS gagne des voix en faisant peur aux gens et en leur proposant ensuite sa protection. En 2015, l’ennemi, c’était les migrants, maintenant ce sont les homosexuels, c’est inacceptable », déclare Monika, une mère de famille de 38 ans travaillant dans l’industrie automobile.
« Protégeons la Pologne »
Côté opposition, c’est une femme respirant le calme, Malgorzata Kidawa-Blonska, ancienne vice-présidente du parlement, qui est candidate au poste de Premier ministre. Elle cherche à se démarquer de la rhétorique combative du PiS.
« Le président Kaczynski sème la division entre les gens… Protégeons la Pologne contre de telles divisions, contre la haine », a-t-elle dit à ses partisans cette semaine.
La Coalition civique a promis d’annuler les réformes judiciaires du PiS dont la Commission européenne dit qu’elles menacent l’indépendance de la justice et l’Etat de droit. Mais l’opposition ne propose pas grand-chose en termes de programme positif.
AFP