Des manifestants ont visé des églises catholiques à travers la Pologne dimanche, au quatrième jour d’une révolte contre une interdiction quasi-totale de l’avortement dans ce pays de l’Union européenne.
Les manifestants ont scandé « Nous en avons assez! » et « Barbares ! » dimanche à l’intérieur d’une église de la ville de Poznan (ouest de la Pologne), selon une vidéo postée sur les réseaux sociaux. Une scène qui s’est répétée à travers ce pays profondément catholique.
Les protestataires réagissaient à la décision jeudi du Tribunal constitutionnel polonais de proscrire l’IVG en cas de malformation grave du foetus, car il serait « incompatible » avec la constitution.
Le jugement, conforme au souhait du parti ultra-catholique nationaliste au pouvoir, Droit et Justice (PiS), restreint le droit à l’avortement aux seuls cas de danger de mort pour la femme enceinte et de grossesses résultant d’un viol ou d’un inceste.
À l’extérieur d’une célèbre église du centre de Varsovie, une escarmouche a opposé des manifestants qui brandissaient des pancartes indiquant « Cassez-vous » et « j’aimerais avorter de mon gouvernement », à la police et à des défenseurs de l’abolition de l’avortement.
« L’enfer des femmes »
Des médias locaux ont également publié des photographies de graffitis griffonnés sur des murs d’églises dans plusieurs villes du pays où on pouvait lire « L’enfer des femmes », principal slogan des protestataires.
Des milliers de personnes – majoritairement des femmes – se sont aussi rassemblées dimanche dans les villes de Gdansk, Cracovie, Lodz, Rzeszow, ainsi que dans des douzaines de villes traditionnellement plus conservatrices, répercutant la protestation massive qui a commencé jeudi à travers la Pologne, au mépris des strictes mesures de distanciation prises pour lutter contre le coronavirus.
L’argument majeur des opposants au jugement est que cette quasi interdiction met la vie des femmes en danger en les forçant à mener à terme des grossesses non viables, tandis que ses partisans assurent que cela évitera l’avortement de foetus diagnostiqués avec une trisomie 21.
Il y a moins de 2.000 avortements légaux par an en Pologne – et la grande majorité d’entre eux sont effectués à cause de foetus malformés. Mais les groupes féministes estiment que plus de 200.000 procédures sont réalisées illégalement, ou effectuées à l’étranger, chaque année.
Ce jugement a été condamné par plusieurs groupes de défense des droits de l’homme en Europe.
AFP