Les forces pro-européennes en Pologne ont marqué leur première victoire ce lundi en faisant élire leur candidat au poste du président de la chambre basse du Parlement, lors de la première session depuis les élections législatives d’octobre.
Deux camps opposés – les populistes nationalistes du PiS jusqu’à présent au pouvoir, et le camp pro-européen mené par l’ex-président du Conseil européen Donald Tusk – revendiquent la victoire à l’issue de ces élections et aspirent à former le gouvernement.
Le parti Droit et Justice (PiS) a en effet remporté le plus grand nombre de sièges au Parlement mais sans possibilité de former une majorité, laquelle se dégage en revanche pour les forces pro-européennes. Lundi, celles-ci ont fait élire un de leurs chefs de file, Szymon Holownia, au poste du président de la Diète (chambre basse).
Chef du parti chrétien-démocrate Pologne 2050, il a battu la candidate du PiS, Elzbieta Witek, par 265 voix contre 193, sur 460 députés.
« Après ce vote, personne ne peut plus douter qu’il y a une majorité dans cette Diète prête à prendre le pouvoir », a déclaré Szymon Holownia devant les parlementaires. « La Diète ne sera plus un bureau au service du gouvernement, il ne sera plus une machine à voter », a ajouté cet ancien journaliste catholique et vedette de télévision de 47 ans.
Selon la constitution, le président du Parlement est considéré comme la deuxième personnalité du pays après le chef de l’État et le remplace en cas de décès.
Plus tôt, lors d’un discours inaugural, le président polonais Andrzej Duda, issu lui-même du mouvement nationaliste, s’était dit « prêt » à coopérer avec les nouveaux députés. Mais en dépit de l’arithmétique électorale, il a choisi de confier la mission de former un gouvernement au Premier ministre sortant Mateusz Morawiecki. Celui-ci a formellement donné sa démission lundi, mais a invité les députés d’autres partis à créer « une coalition des affaires polonaises », pour défendre, selon lui, la souveraineté du pays.
Il a tenu un discours anti-européen, marqué par des attaques contre nombre de propositions de modification, notamment de modalités de vote, dans les traités UE qui font l’objet de discussions au parlement européen. Le PiS dispose de 194 sièges sur 460 dans le nouveau Parlement, face à une majorité déclarée de 248 députés, membres de trois groupements pro-européens alliés : la Coalition électorale de Donald Tusk (centriste), la formation démocrate-chrétienne la Troisième voie qui comprend la Pologne 2050 et le parti paysan PSL, ainsi que la Gauche.
L’extrême droite ultra-nationaliste, qui prend ses distances par rapport aux deux grands camps, compte 18 députés.
« Vouée à l’échec »
Le PiS assure qu’il « fera tout » pour pouvoir présenter au président son nouveau gouvernement, dans le délai constitutionnel de 14 jours, puis se soumettre au vote de confiance durant les 14 jours qui suivront. « Cette mission est considérée comme vouée à l’échec, grotesque », souligne Stanislaw Mocek, sociologue et président de l’université Collegium Civitas à Varsovie.
Selon lui, il s’agit de « jouer la montre » pour achever divers projets en cours, bénéficier de financements supplémentaires, nommer des représentants à des postes importants aux titulaires parfois irrévocables, et « s’assurer d’un atterrissage en douceur » ainsi que de « moyens de subsistance durant les temps difficiles » qui attendent le parti s’il passe dans l’opposition.
« Le PiS pourrait choisir la solution à la Benjamin Netanyahu ou Donald Trump : attendre » qu’un nouveau gouvernement tombe ou perde dans un scrutin à venir pour tenter un retour au pouvoir, estime l’analyste politique Jaroslaw Kuisz. « Et en attendant, il pourra mettre du sable dans les rouages à chaque occasion qui se présente » et « semer des pommes de discorde entre les alliés », ajoute-t-il.
De leur côté, les dirigeants des trois partis pro-européens ont signé vendredi un accord formel de coalition qui doit servir de « feuille de route » pour l’alliance si elle arrive au pouvoir, avec Donald Tusk comme Premier ministre. « Nous voulons vraiment que les Polonaises et les Polonais (…) puissent voir que, désormais, nous sommes prêts à prendre la responsabilité de notre pays », a expliqué Donald Tusk.
Selon le codirigeant de la Gauche, Wlodzimierz Czarzasty, « le plus important maintenant, c’est (…) de construire une Pologne tolérante, ouverte, bâtie sur l’État de droit, responsable. Une Pologne avec une place importante au sein de l’Union européenne ».
Le document présente la position de la coalition sur des questions brûlantes telles que la gestion économique et environnementale du pays, le retour à de bonnes relations avec l’UE, la reconstruction des médias publics, la séparation de l’Église et de l’État ou l’avortement.
En cas d’échec de Mateusz Morawiecki pour former un gouvernement, l’opposition prendra les rênes du pouvoir probablement seulement à la mi-décembre.
La Pologne va de Charybde en Scylla: elle quitte un gouvernement de droite polarisé sur sa haine de la Russie pour une gouvernement qui va se rapprocher de cette UE en pleine déconfiture (merci le suzerain US) et obsédée par l’idéologie écolo et le wokisme, les deux causes de la décadence de l’occident.
Pauvres polonais!