Deux poids lourds du gouvernement conservateur polonais ont soudainement ressuscité l’idée, que l’on croyait enterrée depuis des années, de raser la plus grande tour de Varsovie, ex-symbole de la domination soviétique, devenue symbole tout court de la capitale.
Le Palais de la Culture, haut de 237 mètres, un « cadeau » imposé par le dictateur soviétique Joseph Staline, s’élève depuis 62 ans au milieu de la plus grande place d’Europe, en plein cœur de la capitale polonaise, tel un point de repère solide et incontournable pour tout habitant et tout visiteur de la ville, doté d’une horloge géante visible de partout.
Ses 3 000 pièces de surfaces variées abritent musées, théâtres, salles de cinéma et de spectacle, une piscine, des facultés, des sièges de diverses institutions et des bureaux. « Je soutiens l’idée de faire disparaître du centre de Varsovie ce vestige de la domination communiste », a déclaré mercredi le vice-Premier ministre Mateusz Morawiecki, responsable au sein du gouvernement de l’ensemble des portefeuilles économiques et financiers.
« J’en rêve depuis 40 ans », a ajouté cet ex-banquier de 49 ans, fils d’un opposant radical au régime communiste, en marge de sa présentation du bilan des deux premières années au pouvoir, que chaque ministre conservateur expose en grande pompe ces jours-ci en Pologne.
La veille, Piotr Glinski, le vice-Premier ministre chargé de la Culture, a aussi déclaré qu’il n’avait « rien contre » la destruction de la sœur des immenses bâtisses staliniennes de Moscou, dont elle a hérité la posture imposante mais plus svelte et dotée d’éléments nationaux polonais. Taxée de fusée, d’OVNI ou encore de cauchemar d’un pâtissier ivre, longtemps détestée comme symbole de l’oppression, la tour est née du désir de Staline d’égaler les gratte-ciel de Manhattan.
Inaugurée en juillet 1955, surgie au milieu d’une ville en ruines, la tour de 42 étages devait symboliser la fraternité des pays socialistes. Après la chute du communisme elle s’est retrouvée sans raison d’être au début des années 1990.
Certains ont alors demandé qu’elle soit rasée, d’autres ont dressé des plans fantaisistes, proposant par exemple de la transformer en parc tropical avec palmiers et animaux exotiques ou de la repeindre en rose ou aux couleurs de l’arc-en ciel… Au fil des ans, le Palais a cessé d’être l’objet de polémiques et a été classé monument historique en 2007.
Le Quotidien/ AFP