Les États-Unis ont célébré samedi une fête nationale (« Independence Day ») à hauts risques en pleine pandémie de Covid-19, qui progresse de façon galopante dans le pays et flambe également au Mexique voisin, dans le reste de l’Amérique latine ainsi qu’en Afrique du Sud.
Les célébrations du 4 juillet, « Jour de l’Indépendance » américaine, ont été revues à la baisse, alors que les États-Unis ont enregistré le même jour 43 742 nouvelles contaminations et 252 nouveaux décès, selon l’université Johns-Hopkins. Les trois jours précédents avaient été marqués par des records de nouveaux cas, dont plus de 57 000 vendredi. Le coronavirus a infecté au total plus de 2,8 millions de personnes et provoqué 129 657 décès aux États-Unis, de loin le pays le plus endeuillé de la planète devant le Brésil (64 265 morts), le Royaume-Uni (44 198) et l’Italie (34 854).
Les autorités sanitaires américaines ont reconnu fin juin avoir perdu le contrôle de l’épidémie. Pourtant, le président américain, Donald Trump, a une nouvelle fois minimisé, lors d’une cérémonie samedi dans les jardins de la Maison-Blanche, cette progression galopante. « Nous avons fait beaucoup de progrès. Notre stratégie fonctionne bien », a-t-il lancé, martelant par ailleurs sa conviction qu’un traitement et/ou un vaccin seraient probablement disponibles « bien avant la fin de l’année ». Le locataire de la Maison-Blanche s’en est aussi pris avec virulence à la Chine, d’où est parti le nouveau coronavirus, réaffirmant qu’elle devrait « rendre des comptes ».
Quelques heures plus tôt, en Floride, où le nombre quotidien de contaminations bat également des records, le maire du comté de Miami-Wade, le plus peuplé du pays avec près de 2,7 millions d’habitants, a décrété un couvre-feu à partir de 22h locales. Il « est destiné à empêcher les gens de s’aventurer et de traîner avec des amis dans des groupes, ce qui s’est révélé être un facteur de propagation rapide du virus », a expliqué Carlos Gimenez. À Atlanta ou Nashville, les concerts ou feux d’artifice ont été annulés. Dans la ville texane de Houston, foyer de l’épidémie dans le grand État du Sud, le 4 juillet est fêté en ligne.
À New York, les baigneurs sont revenus sur la plage de Coney Island, rouverte depuis quelques jours, mais beaucoup ont pris leurs précautions. « Je vais remettre mon masque dès que je repartirai », raconte, inquiet, Mark Ruiz, venu profiter de la mer et d’un pique-nique avec sa femme et ses deux enfants. « Mais je ne pouvais pas rester à la maison un 4 juillet. Je dois faire sortir mes enfants. On ne peut pas s’enfermer dans une bulle tout l’été », se justifie-t-il. La pandémie a fait au moins 527 241 morts dans le monde depuis l’apparition de la maladie fin décembre en Chine, selon un bilan établi samedi soir.
Flambée au Mexique et en Afrique du Sud
Le Mexique est devenu samedi le 5e pays dans le monde le plus endeuillé, avec 30 366 décès, devant la France, selon un décompte officiel du ministère mexicain de la Santé. Dans la capitale Mexico, la réouverture des centres commerciaux, prévue lundi, a été repoussée à mercredi. L’Afrique du Sud a enregistré quant à elle samedi un nombre record quotidien de 10 853 nouveaux cas, selon des chiffres officiels. Le coronavirus a fait 3 026 morts dans ce pays, le plus développé du continent africain. En Espagne, l’un des pays les plus affectés avec plus de 28 300 morts, une « croissance très importante du nombre de cas de contagion de Covid-19 » a amené les autorités de Catalogne (nord-est) à ordonner un reconfinement autour de la ville de Lérida, à 150 km à l’est de Barcelone.
Depuis samedi midi, entrées et sorties de cette zone comptant 200 000 habitants sont interdites, comme les regroupements de plus de dix personnes et les visites dans les maisons de retraite. Un nouveau confinement, d’au moins deux semaines, entre également en vigueur dimanche au Kazakhstan face à un quadruplement du nombre de cas depuis début juin. En Angleterre, pubs, hôtels, salons de coiffure, cinémas et musées ont été autorisés à reprendre du service samedi, même si nombre d’entre eux préfèrent rester fermés pour le moment. « Ça fait trois ou quatre mois qu’on attendait de revenir au pub ! » a lancé Nick, un comptable de 38 ans, en descendant une pinte avec deux amis dans un établissement du quartier londonien de Greenwich.
Dans un tweet, le Premier ministre Boris Johnson a toutefois estimé « absolument vital que tout le monde respecte les règles en matière de distanciation sociale », craignant que la proximité entre les millions de clients attendus dans les pubs durant le week-end ne signe un retour en force de l’épidémie. La Russie a elle annoncé samedi avoir passé le cap des 10 000 morts, mais le faible nombre de décès par rapport à celui des infections (plus de 670 000 cas) interroge quant à une éventuelle sous-évaluation de la mortalité.
LQ/AFP