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Pluies diluviennes au Kenya : un barrage naturel cède, au moins 46 morts


Dans la nuit de dimanche à lundi, les contreforts de terre du barrage ont cédé, déversant les eaux du lac de retenue adjacent sur les maisons et routes situées en contrebas alors que les habitants dormaient. (Photo AFP)

Au moins 46 personnes sont mortes dans le centre du Kenya, après qu’un barrage naturel a cédé sous l’effet des pluies diluviennes qui s’abattent sur le pays depuis plusieurs semaines, selon un nouveau bilan toujours provisoire.

Il s’agit de l’épisode le plus meurtrier dans ce pays d’Afrique de l’Est depuis le début de la saison des pluies, qui est amplifiée cette année par le phénomène climatique El Niño.

Lundi, le gouvernement kényan faisait état de 103 morts et plus de 185.000 déplacés depuis mars à travers le pays, dans un bilan qui n’évoquait toutefois pas la tragédie d’Old Kijabe.

« Les personnes de la morgue ont déclaré avoir 46 corps » venant de cette localité située à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Nairobi, a affirmé à l’AFP Joyce Ncece, responsable des opérations de secours dans le comté de Nakuru, où se trouve le barrage.

« Ça a tout balayé sur son passage »

Parmi les victimes figurent 29 adultes et 17 enfants, a-t-elle détaillé. Situé sur une colline, le barrage d’Old Kijabe s’est formé au fil des décennies, après les travaux de construction d’une ligne de chemin de fer par les autorités coloniales britanniques.

Dans la nuit de dimanche à lundi, ses contreforts de terre ont cédé, déversant les eaux du lac de retenue adjacent sur les maisons et routes situées en contrebas alors que les habitants dormaient.

« Ça a tout balayé sur son passage. Nous avons récupéré certains corps retenus par les arbres et nous ne savons pas combien sont sous la boue », a raconté Stephen Njihia Njoroge, habitant du village de Kamuchiri, où le puissant flot d’eau boueuse a déraciné des arbres, emporté des maisons et enterré des voitures sous des amas de terre, de branches et de pierres.

Rentrée scolaire reportée

Le ministre de l’Intérieur, Kithure Kindiki, a déclaré que le gouvernement avait ordonné aux autorités locales d' »inspecter tous les barrages et réservoirs d’eau (…) dans les 24 heures » et d’identifier les situations nécessitant des évacuations.

Le ministre a également dénoncé les « comportements à risques » des automobilistes et piétons traversant inconsciemment les zones inondées et « des personnes sans scrupules (…) qui mettent la population en danger en construisant et en utilisant des (embarcations) pour transporter des passagers bloqués contre de l’argent ».

Plusieurs incidents de ce type ont été recensés ces derniers jours. Dans le comté de Tana River (sud-est), la Croix-Rouge a annoncé avoir repêché deux corps sans vie et sauvé 23 personnes après le chavirage d’une embarcation.

La rentrée scolaire prévue lundi, après trois semaines de vacances, a été reportée d’une semaine, a annoncé le ministre de l’Education, Ezekiel Machogu. « Les effets dévastateurs des pluies dans certaines écoles sont si sérieux qu’il serait imprudent de risquer la vie des élèves et du personnel avant que des mesures d’étanchéité ne soient mises en place », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, « attristé par les pertes en vies humaines et les dégâts causés par les crues soudaines » dans le pays, a rappelé « l’engagement » de l’organisation « à soutenir le gouvernement du Kenya dans cette période difficile », a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric.

Région sous les eaux

Dans plusieurs pays d’Afrique de l’Est, les pluies saisonnières se doublent cette année du phénomène climatique El Niño, qui a débuté mi-2023 et pourrait durer jusqu’au mois de mai, avait prévenu le 5 mars l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

El Niño provoque une augmentation des températures, mais aussi des sécheresses dans certaines parties du monde et de fortes pluies dans d’autres. En Tanzanie, au moins 155 personnes ont péri dans des inondations ou des glissements de terrain. Au Burundi, un des pays les plus pauvres du monde, 96.000 personnes ont été déplacées par des mois de pluie ininterrompue.

Des décès et des dégâts ont également été recensés dans la capitale éthiopienne Addis Abeba (4 mort), au Rwanda (2 morts) et en Ouganda (2 morts).

El Niño a souvent fait des ravages dans l’est de l’Afrique par le passé. En décembre, plus de 300 personnes avaient péri dans divers catastrophes causées par les fortes pluies au Kenya, en Somalie et en Ethiopie. En Somalie, plus d’un million de personnes avaient été déplacées. D’octobre 1997 à janvier 1998, de gigantesques inondations nourries par des pluies torrentielles avaient fait plus de 6.000 morts dans cinq pays de la région.