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Pédophilie : pressions sur le pape pour révoquer la nomination d’un évêque au Chili


La décision du pape François de nommer évêque un prêtre chilien, soupçonné d’avoir protégé un prêtre condamné pour pédophilie, a suscité des remous au sein de la commission vaticane de protection des mineurs, a-t-on appris vendredi de sources proches de la commission.

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Une nomination surprenante, d’autant que le pape François s’est engagé à ne tolérer aucune dérive pédophile au sein de l’Église. (Photo archives AFP)

La pression y est forte pour que la décision du pape soit révoquée. Plusieurs des 17 membres de la commission ont exprimé leur stupeur face à une décision jugée malheureuse.

Le pape François s’est engagé à ne tolérer aucune dérive pédophile au sein de l’Église, et a même apporté son soutien personnel à d’anciennes victimes à Grenade (Espagne) et à Naples. C’est la première fois que sa politique de nomination est ainsi mise en cause. Mais François a pu être mal conseillé, selon une de ces sources.

Interrogé, le Vatican s’est refusé à tout commentaire.

Mgr Juan Barros a pris ses fonctions samedi dernier à la tête du diocèse d’Osorno (sud du Chili). Quand il était simple prêtre, il avait été accusé par plusieurs personnes d’avoir protégé Fernando Karadima.

Karadima, un temps très influent au sein du clergé chilien, a été reconnu coupable en 2011 par le Vatican d’avoir commis des actes pédophiles, et contraint à se retirer pour une vie de pénitence. De son côté, l’évêque Juan Barros a démenti à plusieurs reprises avoir été au courant des accusations portées contre Karadima.

Mais plusieurs membres de la commission de protection des mineurs se sont déclarés perturbés par « ce qui se passe au Chili », où la polémique est très vive autour de ce cas.

Interrogée, la pédopsychiatre française Catherine Bonnet, experte de la commission pontificale pour la protection des mineurs, et affirmant « répondre en son nom personnel », s’est déclaré « inquiète ».

« Bien que les membres de la commission ne puissent pas intervenir à propos de cas individuels, je souhaiterais rencontrer le cardinal Sean O’Malley (président américain de la commission) et d’autres membres afin de discuter de comment nous pourrions transmettre nos préoccupations au pape François », a-t-elle ajouté.

« Un ou deux d’entre nous suggèrent d’aller à Rome pour parler avec le pape » a affirmé un autre membre, Peter Saunders, fondateur de l’association britannique « National Association for people abused in childhood » à l’agence américaine National Catholic Reporter.

La commission, qui n’a pas prévu de se réunir avant mi-octobre, avait recommandé en février que « les personnes ayant des positions de responsabilité » dans l’Église répondent des actes pédophiles de leurs subordonnés.

Une congrégation religieuse, des députés et des organisations laïques chiliens ont fait récemment parvenir une lettre de protestation au Vatican, demandant de revenir sur la nomination du Mgr Barros.

AFP