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Pédophilie : la condamnation du cardinal Pell confirmée en appel


Le cardinal de 78 ans ne cesse de se dire innocent des faits reprochés. (photo AFP)

Prêtre d’une paroisse rurale australienne devenu grand argentier du Vatican, George Pell a connu une ascension fulgurante. Sa disgrâce a été encore plus brutale, avec une condamnation pour pédophilie confirmée mercredi par la justice.

Pour ceux qui l’admiraient, le cardinal Pell, 78 ans, incarnait avec son imposante silhouette, son éloquence et son franc-parler, le traditionalisme catholique australien, défendant sans relâche une ligne orthodoxe au sein de l’Église. C’est avec la même force qu’il a toujours nié avoir sexuellement agressé dans les années 1990 deux enfants de chœur dans la sacristie de la cathédrale Saint-Patrick de Melbourne.

Des faits qui lui ont valu d’être condamné en mars à six ans de prison, sans possibilité de libération conditionnelle avant 2023. Mercredi matin, le prélat est encore apparu combatif après l’annonce du rejet de son appel par la Cour suprême de l’État de Victoria, se disant « évidemment déçu » tout en clamant son innocence. Ses avocats étudient l’opportunité d’un ultime recours, cette fois devant la Haute cour, la plus haute juridiction fédérale du pays.

Né en 1941, George Pell a grandi à Ballarat, une ville du Victoria qui doit sa prospérité à la ruée vers l’or australienne du XIXe siècle. Membre enthousiaste de l’équipe de rhétorique de son université, il jouait aussi les premiers rôles dans les productions théâtrales scolaires et excellait au football australien. Sa mère, fervente catholique, fut vraisemblablement comblée, selon la presse australienne, que son fils réponde à l’appel de la religion. Son père, un anglican, ne comprit pas que l’athlétique George refuse un contrat en or avec une grande équipe de football australien.

Enquête canonique du Vatican

C’est à Rome qu’il mène une partie de ses études avant d’être ordonné prêtre dans le diocèse de Ballarat en 1966. Son ascension fut rapide jusqu’à être nommé archevêque de Melbourne en 1996 puis de Sydney en 2001. Il entre en 2003 au collège des cardinaux, siégeant aux conclaves qui élisent Benoît XVI puis François. Il était encore archevêque de Sydney quand le pontife argentin, tout juste élu, l’a choisi en 2013 pour faire partie du conseil de neuf cardinaux (C9) chargés de l’aider à réformer la Curie, le gouvernement du Vatican. En février 2014, il devient secrétaire à l’Économie, chargé d’une révolution en soumettant le Vatican à des normes internationales strictes et transparentes.

Devant ses fidèles comme devant l’opinion publique, le cardinal défend la ligne dure sur des sujets comme l’euthanasie ou le mariage gay. Il rejette aussi la science du climat ainsi que les critiques contre la politique répressive menée par l’Australie envers les demandeurs d’asile. Sa réputation a cependant pris un coup quand il a été accusé d’avoir couvert les agressions sexuelles de prêtres dans l’État de Victoria. Une enquête nationale portant sur les réponses institutionnelles apportées en Australie aux agressions sexuelles commises sur des enfants entre 1950 et 2010 a conclu que 7% des prêtres avaient été accusés d’actes pédophiles, des accusations qui n’avaient donné lieu à aucune enquête.

Le cardinal Pell présenta ses excuses au nom de l’Église mais assura n’avoir aucun souvenir de plaintes reçues pour des crimes commis par des membres du clergé. Il reconnut néanmoins avoir « failli » dans sa gestion des prêtres pédophiles de Victoria dans les années 1970. L’étoile du cardinal a cessé de briller quand, aux accusations d’avoir couvert des prêtres pédophiles, se sont ajoutées celles d’en avoir été un. « Quel tissu de mensonges scandaleux ! », s’exclama-t-il fin 2016 devant la police australienne qui l’avait interrogé à Rome.

Il a été reconnu coupable en décembre de cinq chefs d’accusation, notamment d’avoir imposé une fellation en 1996 à un garçon de 13 ans et de s’être masturbé en se frottant contre l’autre. Il a depuis été écarté du cercle des proches conseillers du pape et du secrétariat à l’Économie. Le Vatican a ouvert une enquête canonique, laquelle pourrait aboutir à des sanctions, dont la plus lourde serait le retour à la vie laïque.

LQ/AFP