Les violences contre les enfants dans les pays en conflit ont connu en 2020 une hausse considérable, aggravée par la pandémie de Covid-19, selon un rapport annuel de l’ONU publié lundi, alors que des ONG regrettaient qu’Israël et l’Arabie Saoudite ne soient pas accusées dans ce document.
« Le nombre total de violations graves est resté alarmant à 26.425 » dossiers documentés dans le rapport signé du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, indique un communiqué de l’Organisation. Cela représente « 90% d’augmentation dans les enlèvements d’enfants, 70% pour les viols et autres formes d’abus sexuels » par rapport à l’année précédente, précise-t-il.
« Les guerres d’adultes ont de nouveau emporté l’enfance de millions de garçons et de filles en 2020 », a dénoncé Virginia Gamba, émissaire du chef de l’ONU pour la défense des enfants dans les pays en conflit. « C’est complètement dévastateur pour eux, mais aussi pour l’ensemble des communautés dans lesquelles ils vivent, et détruit les chances de paix durable », a-t-elle ajouté.
Avec ce rapport, qui n’inclut pas dans sa « liste de la honte » Israël ou la coalition militaire au Yémen dirigée par l’Arabie Saoudite, Antonio Guterres épargne « des parties belligérantes impliquées dans la mort et la mutilation d’enfants », a regretté Jo Becker de Human Rights Watch (HRW).
« Son échec répété à établir sa liste à partir des propres preuves de l’ONU trahit les enfants et alimente l’impunité », précise son communiqué. Jo Becker a espéré que son deuxième mandat entre 2022 et 2026, accordé vendredi, lui fera changer d’approche et que le Conseil de sécurité lui imposera de dresser une liste de tous les auteurs de violations « sans exception ».
La coalition d’ONG appelée Watchlist on Children and Armed Conflict a aussi déploré que le secrétaire général « a une fois de plus omis d’inscrire sur sa liste d’acteurs abusant des enfants dans les conflits la coalition de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis qui a tué ou blessé 194 enfants au Yémen en 2020 ». Sa décision l’an dernier de retirer cette coalition de sa liste « a envoyé un message clair selon lequel les parties peuvent s’en tirer en tuant des enfants », a dénoncé dans un communiqué Adrianne Lapar, directrice de la coalition d’ONG.
Dans son document, le chef de l’ONU relève que le Covid-19 a aggravé le bilan. « La pandémie a accru la vulnérabilité des enfants aux enlèvements, à leur recrutement et leur utilisation, à la violence sexuelle et aux attaques contre les écoles et hôpitaux », note le rapport. En 2020, le plus fort taux d’enfants tués et blessés a été recensé en Afghanistan, Syrie, au Yémen et en Somalie. Les plus importants recrutements d’enfants ont été constatés en République démocratique du Congo, en Somalie, Syrie et en Birmanie, précise le rapport.
Dans le monde, plus de 12.643 enfants ont été libérés par des groupes armés et des forces militaires à la suite de négociations menées par l’ONU, indique le document.
AFP/LQ