Injecter des doses de rappel de vaccins anti-Covid-19 à l’ensemble de la population n’est pas justifié actuellement car ils restent très efficaces contre les formes graves, même face au variant Delta, estiment lundi des experts de l’OMS et la FDA, l’agence du médicament américaine.
« Ces vaccins, qui sont en quantité limitée, sauveront le plus de vies s’ils sont fournis aux personnes qui ont un risque important d’être atteints par une forme grave (du Covid) et n’ont pas encore été vaccinées », écrivent ces experts dans la revue médicale britannique The Lancet.
« Les données actuelles (…) ne montrent pas le besoin de rappels de vaccin en population générale, chez laquelle l’efficacité contre les formes graves reste élevée », poursuit ce groupe d’experts internationaux, composé de spécialistes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de la FDA et de plusieurs organismes de recherche à travers le monde.
L’éventualité d’une dose de rappel (le plus souvent une troisième dose) pour toute la population fait l’objet de vifs débats.
Des pays, comme la France, ont commencé à l’administrer à certaines catégories de population : les plus âgés (six mois après leur vaccination) et les personnes au système immunitaire affaibli.
Pour la justifier, ces pays invoquent une baisse de l’efficacité des vaccins contre l’infection au variant Delta, déclin qui semble s’accentuer avec le temps.
D’autres sont allés plus loin, ou envisagent de le faire. En Israël, la troisième dose est disponible dès l’âge de 12 ans, cinq mois après la vaccination. Et les États-Unis lanceront une campagne de rappel le 20 septembre, en commençant sans doute par les plus âgés.
Mais l’OMS a désapprouvé à plusieurs reprises le principe d’une dose de rappel pour toute la population, qu’elle voit comme une mesure sans fondement scientifique et inégalitaire pour les pays pauvres.
Les experts qui s’expriment dans The Lancet jugent que même si le taux d’anticorps baisse avec le temps chez les personnes vaccinées, cela ne signifie pas pour autant que les vaccins seront moins efficaces contre les formes graves.
Ils soulignent en effet qu’un autre volet de la réponse immunitaire (l’immunité cellulaire, due aux lymphocytes) entre en jeu, tout en étant moins facilement mesurable.
En outre, ils jugent préférable de travailler à la mise au point de rappels spécifiquement conçus pour faire échec aux variants résistants qui pourraient apparaître à l’avenir, plutôt que d’administrer des doses supplémentaires de vaccins existants.
AFP/LQ