L’ex-leader du Parti conservateur britannique William Hague a jugé mardi probable une motion de défiance contre le Premier ministre Boris Johnson dans le mois à venir, les critiques s’intensifiant dans son camp sous l’effet du « partygate ».
Loin de mettre un point final au scandale qui plombe le gouvernement conservateur depuis six mois, la publication la semaine dernière d’un rapport administratif détaillant l’ampleur des violations des règles anti-Covid à Downing Street a suscité de nouveaux appels à la démission, annoncés au compte-gouttes.
Il faut 54 lettres de députés au « comité 1922 » du parti pour déclencher un vote de défiance contre Boris Johnson. Une trentaine a appelé publiquement à son départ mais la procédure étant secrète, la classe politique spécule pour savoir si le nombre fatidique pourrait être atteint dans les jours à venir, voire dès le retour lundi des parlementaires après la pause des célébrations des 70 ans de règne d’Elizabeth II. « Je pense que (les conservateurs) se dirigent vers un vote soit la semaine prochaine, soit vers la fin juin », a estimé William Hague, ancien chef de la diplomatie, sur Times Radio.
Une plongée accablante dans les fêtes de Downing Street
« Nombreux sont ceux qui ont interprété les événements de la semaine dernière comme signifiant que les problèmes sont finis et que Boris est hors de danger mais ce n’est pas l’ambiance au Parti conservateur », a ajouté M. Hague, patron du parti de 1997 à 2001.
Le rapport rendu par Sue Gray, une haute fonctionnaire, constitue une plongée accablante dans les fêtes organisées à Downing Street pendant les confinements, synonymes de lourds sacrifices pour les Britanniques. Il détaille une série de pots très alcoolisés – jusqu’à en vomir – avec altercations, musique, départ par des portes dérobées au petit matin et irrespect pour les agents de sécurité ou d’entretien.
De lourds revers pour les conservateurs
Boris Johnson, lui-même visé par une amende – du jamais vu pour un Premier ministre en exercice -, a dit assumer « l’entière responsabilité de tout ce qui s’est passé » mais estimé devoir « continuer » son travail. Deux députés ont rejoint mardi les rangs de ses critiques: l’ancienne ministre Andrea Leadsom, qui a dénoncé des « erreurs inacceptables de leadership », et John Stevenson.
Le scandale a déjà fait chuter la popularité longtemps inoxydable de Boris Johnson, entraînant de lourds revers pour les conservateurs dans des élections locales début mai. Il s’est maintenu en mettant notamment en avant son rôle moteur dans la réponse occidentale à l’invasion russe de l’Ukraine.
Vers une démission ?
Deux législatives partielles sont prévues le 23 juin, prochaine date susceptible de relancer la fronde contre le chef du gouvernement. S’il est défait par une motion de défiance, une élection interne aura lieu au sein du parti pour désigner un nouveau leader. S’il y survit, il ne pourra plus être délogé pendant un an. Il ne serait pas sorti d’affaires puisqu’une enquête parlementaire doit maintenant déterminer, d’ici à l’automne, s’il a menti au Parlement, ce qui pourrait le pousser à la démission.
Longtemps considéré comme une machine à gagner les élections, Boris Johnson, champion du Brexit, ressemble de plus en plus à un repoussoir après le « partygate » mais aussi dans un contexte de chute historique du pouvoir d’achat des Britanniques. Un récent sondage de l’institut YouGov suggère qu’en cas de législatives actuellement, les conservateurs, au pouvoir depuis 12 ans, perdraient la quasi totalité des circonscriptions des régions populaires ravies aux travaillistes en 2019, voire celle de Boris Johnson en banlieue de Londres.
En revanche, aucun successeur évident ne se détache, de quoi encourager certains élus à temporiser avant de se lancer dans une élection interne.
Bien que cette histoire de « partygate » soit d’un ridicule achevé, si cette galéjade pouvait nous débarasser de ce monsieur, tant mieux!