Depuis le début de l’épidémie, 25 professionnels de santé au moins sont décédés du covid-19 en France, selon un décompte effectué vendredi par l’AFP. Un bilan sans doute inférieur à la réalité, les données disponibles restant très incomplètes.
Médecins généralistes ou urgentistes, infirmiers, aides-soignants, agents hospitaliers, cadres de santé… Voilà ce que l’on sait, à ce stade, des décès survenus chez les soignants et agents hospitaliers, en première ligne dans la lutte contre le coronavirus.
Une dizaine de décès chez les médecins généralistes encore en activité, principalement dans le Grand-Est et en Île-de-France.
Parmi eux figure Sylvain Welling, médecin de 60 ans. Ce praticien, qui exerçait dans la commune de L’Hôpital (Moselle), a succombé au coronavirus le 22 mars, après avoir passé plusieurs jours en réanimation. Mahen Ramloll, 70 ans, est mort le 22 mars également, à l’hôpital de Colmar. Ce natif de l’Île Maurice, décrit comme passionné et combatif, exerçait comme libéral à Fessenheim (Haut-Rhin). Tombé malade une semaine avant le confinement, Olivier Schneller, 68 ans, s’est éteint le 23 mars dans un hôpital du Territoire de Belfort. Il possédait son cabinet à Couthenans (Haute-Saône), village de 730 habitants. Salué par ses confrères comme par ses patients, André Charon, 73 ans, est mort le 3 avril. Il avait décidé de rester en activité en raison de la pénurie de généralistes à Folgensbourg (Haut-Rhin), où il travaillait.
Mohammad Hassen Hossenbux est mort dix jours plus tard, le 14 avril, dans un hôpital des Hauts-de-Seine. Natif de l’Île Maurice et très investi auprès de la communauté musulmane, il exerçait en Seine-Saint-Denis, à Saint-Denis. Médecin de campagne à Wassy (Haute-Marne), Guy Pfister a succombé au coronavirus le 15 avril, selon la municipalité. Ancien président du club de football de la commune, il était âgé de 75 ans mais restait en activité. Arrivé en France comme réfugié politique dans les années 1970, Kabkéo Souvanlasy travaillait depuis 1987 à Sevran (Seine-Saint-Denis). Ce médecin d’origine laotienne est décédé le 17 avril à l’âge de 65 ans. Philippe Lerche, 64 ans, est mort deux jours plus tard au CHU de Lille. De multiples hommages ont été rendus sur les réseaux sociaux à ce médecin « à l’écoute », qui exerçait à Villers-Outréaux (Nord). Unique médecin de La Tour-d’Auvergne (Puy-de-Dôme), village de 640 habitants, Jérôme Valette est décédé le 22 avril au CHU de Clermont-Ferrand, selon la municipalité. Il était âgé de 65 ans.
Cinq décès ont à ce stade été rendus publics chez les spécialistes, exerçant pour la plupart dans des établissements hospitaliers.
Le premier, Jean-Jacques Razafindranazy, est mort le 21 mars à l’âge de 67 ans. Officiellement à la retraite, cet urgentiste natif de Madagascar continuait à assurer des gardes à l’hôpital de Compiègne (Oise). Gynécologue-obstétricien, Jean-Marie Boegle s’est éteint le lendemain au CHU de Dijon. Ce praticien de 66 ans travaillait dans une clinique de Mulhouse (Haut-Rhin) où il aurait contracté le virus. Dermatologue au CHR de Metz-Thionville, Jean Pouaha est décédé à Metz le 30 mars. Plusieurs associations anti-VIH ont rendu hommage à ce praticien fortement impliqué dans la lutte contre le sida.
Médecin à l’hôpital gériatrique de L’Isle-Adam-Parmain (Val-d’Oise), Sami Abdelreda s’est éteint dans un hôpital de Pontoise le 26 mars. Originaire du Liban, il avait quatre enfants, selon la municipalité. Eric Loupiac, médecin urgentiste à Lons-le-Saunier (Jura), est mort quant à lui le 23 avril à Marseille, où il s’était rendu pour être pris en charge par l’équipe du professeur Raoult. Il avait 60 ans.
Infirmières, aides-soignantes, travailleurs en Ehpad et à l’hôpital
Une infirmière de 51 ans, salariée d’un Ehpad de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), a été emportée par le virus le 3 avril. Selon le groupe LNA, propriétaire de l’établissement, cette mère de famille travaillait depuis un an dans cette résidence.
Selon l’Ordre des infirmiers, des « remontées de terrain » font état d’autres décès. « Malheureusement, nous manquons de données précises », a regretté un responsable de l’Ordre qui regrette qu’aucun chiffre n’ait été communiqué par le gouvernement.
Elisabeth Rolande Adjibodou, aide-soignante à l’Ehpad La Filature, à Mulhouse, a succombé au coronavirus le 8 avril. D’origine guinéenne, elle « avait trois enfants », selon le groupe Korian, propriétaire de l’établissement. Décédée le 9 avril, Justine Raharivelo, travaillait au CHU de Châteauroux. Âgée de 48 ans, elle élevait seule ses quatre enfants.
Après son décès, plusieurs députés ont réclamé un statut national pour les enfants de soignants morts du Covid-19.
Âgé de 59 ans, Charles Ravi est décédé lui aussi le 9 avril après avoir passé plusieurs jours en réanimation, selon des sources syndicales. Il travaillait au service de radiologie de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Salariée de l’Ehpad La Ferme du Marais (Seine-et-Marne), Lydie Difoukidi s’est éteinte pour sa part à l’hôpital de Corbeil (Essonnes), le 19 avril. Selon la CGT, elle avait été hospitalisée fin mars pour « détresse respiratoire ».
Deux agents des Hôpitaux de Paris ont succombé au Covid-19, selon l’AP-HP. Le premier était chargé du courrier à l’hôpital Bichat, qu’il avait intégré en 1980. Le second travaillait comme électricien de maintenance à Antoine-Béclère, dans les Hauts-de-Seine. Directrice des soins par intérim à l’hôpital Montfermeil-Le Raincy (Seine-Saint-Denis), Elena Mamelli est décédée le 29 mars. Cette infirmière de 52 ans travaillait depuis trente ans au sein de cet établissement. Un cadre de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, Pierre Housieaux, est également décédé. Selon l’ARS, « il avait été parmi les premiers à répondre à l’appel à mobilisation interne » lancé face à la crise sanitaire.
AFP/LQ