Paris brandit la menace de sanctions contre Téhéran et demande la libération de deux de ses ressortissants retenus prisonniers.
Paris a menacé jeudi de se prononcer pour une reprise des sanctions internationales contre l’Iran si Téhéran ne libère pas les deux ressortissants français détenus depuis trois ans et qui encourent la peine de mort. Arrêtés en mai 2022 au dernier jour d’un voyage touristique, Cécile Kohler et Jacques Paris sont visés par des accusations d’«espionnage pour le Mossad», le service de renseignement extérieur israélien, de «complot pour renverser le régime» et de «corruption sur Terre», a appris mercredi auprès d’une source diplomatique occidentale et de l’entourage des détenus. Jusqu’à présent, l’Iran indiquait seulement que les deux Français étaient accusés d’espionnage, sans jamais préciser pour quel pays. Téhéran n’a pas encore confirmé si de nouvelles accusations ont été portées contre eux.
«Nous n’avons pas été formellement notifiés par les autorités iraniennes des charges qui pèsent sur nos deux compatriotes», a réagi jeudi le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. «Si les chefs d’accusation qui ont été évoqués étaient confirmés, nous les considérerions comme totalement injustifiés et infondés». Face à ces charges lourdes, le ministre a rappelé l’existence d’un levier que Paris pouvait activer. «Nous l’avons toujours dit à nos interlocuteurs du régime iranien: la question de décisions éventuelles sur des sanctions sera conditionnée au règlement de ce problème, de ce différend majeur», a-t-il déclaré.
Face à la politique iranienne d’enrichissement d’uranium, les pays occidentaux menacent Téhéran d’un «snapback», mécanisme qui permet de réimposer des sanctions internationales, allégées dans le cadre d’un accord conclu en 2015. Cet accord signé à Vienne avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (France, Allemagne, Royaume-Uni, Chine, Russie, États-Unis) prévoyait d’encadrer le programme nucléaire iranien, en contrepartie d’un allègement des sanctions internationales. En 2018, Donald Trump avait retiré unilatéralement les États-Unis de l’accord – auquel se conformait Téhéran, selon l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA). En représailles, Téhéran a considérablement augmenté ses réserves de matières enrichies et porté le seuil à 60%, inférieur aux 90% nécessaires à la fabrication de l’arme atomique, mais très loin du plafond de 3,67% fixé par l’accord de Vienne. Le sort de Cécile Kohler, professeure de lettres de 40 ans originaire de l’est de la France, et de son compagnon Jacques Paris, 72 ans, inquiète leurs proches.