Des peines de douze années de prison pour blanchiment d’argent ont été requises mercredi à Panama à l’encontre des deux fondateurs du cabinet d’avocats local Mossack Fonseca, au cœur du scandale des « Panama Papers » au retentissement international.
Jürgen Mossack et Ramon Fonseca « ont reçu et transféré des fonds provenant d’activités illicites en Allemagne et en Argentine », a indiqué la procureure Isis Soto, en requérant leur condamnation à la peine maximale.
Les deux prévenus ont aussi « dissimulé, couvert et fourni de fausses informations à des entités bancaires pour ouvrir des comptes et dissimuler la propriété d’actifs », a-t-elle ajouté.
Vaste escroquerie
Selon l’accusation, les deux hommes sont responsables d’avoir facilité, par l’intermédiaire du cabinet, la création de sociétés opaques dans lesquelles des cadres de la multinationale allemande Siemens ont déposé des millions d’euros en dehors des comptes réels de l’entreprise. Ces sociétés auraient servi à cacher de l’argent provenant du paiement de commissions.
Le cabinet d’avocat aurait également servi à garder l’argent provenant d’une vaste escroquerie en Argentine.
Soto a également requis la condamnation de 24 autres co-accusés, principalement d’anciens employés de la société, jugés depuis le 9 avril dans cette affaire qui a éclaté en 2016 après la publication d’une enquête connue sous le nom de « Panama Papers » menée par le Consortium international de journalistes d’investigation (CIJI).
Poutine et Cameron dans la liste
Basée sur la fuite de 11,5 millions de documents provenant de l’étude Mossack Fonseca, elle a révélé que des chefs d’État et de gouvernement, des responsables politiques de premier plan et des personnalités de la finance, du sport et du monde artistique ont caché via le cabinet à leurs services fiscaux des propriétés, des entreprises, des capitaux et des bénéfices.
Parmi les personnalités mentionnées figurent, parmi beaucoup d’autres, le président russe Vladimir Poutine, les anciens chefs de gouvernement d’Islande Sigmundur David Gunnlaugsson, du Pakistan Nawaz Sharif et du Royaume-Uni David Cameron, l’ancien président argentin Mauricio Macri, ainsi que la star du football Lionel Messi et le cinéaste espagnol Pedro Almodovar.
Le scandale a entraîné la fermeture du cabinet Mossack Fonseca et l’image du petit pays d’Amérique centrale s’en est trouvée gravement affectée. Le Panama figure ainsi sur la liste noire des paradis fiscaux établie par l’Union européenne.