Le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ont commencé à discuter jeudi à Berlin des moyens de stopper la vague de violence entre Palestiniens et Israéliens, marquée par une nouvelle attaque au couteau dans la matinée.
Les deux hommes ont débuté leur rencontre, qui doit durer plusieurs heures, vers 07H45 GMT dans un hôtel de la capitale allemande.
Cette entrevue donne le coup d’envoi d’un ballet diplomatique tout au long de la journée à Berlin sur le conflit israélo-palestinien avec des entrevues bilatérales prévues aussi entre le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, M. Kerry d’une part et M. Netanyahu d’autre part, ainsi qu’entre le secrétaire d’Etat américain et la Haute représentante de l’Union européenne aux Affaires étrangères Federica Mogherini, l’UE étant le principal pourvoyeur de fonds des Palestiniens.
Mme Mogherini doit aussi s’entretenir avec le dirigeant israélien.
M. Kerry, qui prévoit de rencontrer d’ici la fin de la semaine le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, «estime qu’il est important, étant donné les violences en cours, d’avoir ces discussions pour rechercher des moyens de mettre fin à ces violences et de rétablir le calme», a déclaré à Washington le porte-parole du département d’Etat, John Kirby.
Le secrétaire d’Etat espère rapprocher les positions des protagonistes de la crise et obtenir des deux parties «un niveau d’entente qui débouche sur plus de sécurité et plus de stabilité», a ajouté le porte-parole.
Mercredi soir la chancelière allemande Angela Merkel a réitéré la position traditionnelle allemande en soulignant le droit de l’Etat hébreu de protéger sa population contre le terrorisme tout en prévenant que «les jeunes Palestiniens ont besoin d’une perspective» d’avenir pour les inciter à «renoncer à la violence».
« Tournure catastrophique »
Dans le même temps, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, achève à Amman la tournée qu’il a entreprise dans la région pour tenter de contenir une crise qui menace, selon lui, de prendre une tournure «catastrophique» et de se transformer en une guerre aux conséquences imprévisibles.
M. Ban doit rencontrer jeudi le roi de Jordanie Abdallah II, interlocuteur primordial du conflit.
Mercredi, après des entretiens en Israël et en Cisjordanie, le secrétaire général de l’ONU a pressé les dirigeants des deux parties d’agir d’urgence contre «la dangereuse escalade» des violences. S’adressant ensuite au Conseil de sécurité par vidéoconférence depuis Amman où il est arrivé mercredi soir, il a déclaré qu’il n’était «pas optimiste» étant donné le fossé grandissant entre les deux camps, selon des diplomates présents.
Le Conseil de sécurité des Nations unies doit discuter jeudi des violences israélo-palestiniennes.
Sur le terrain, les violences ne cessent pas. Un Israélien a été blessé jeudi à coups de couteau à Bet Shemesh, à l’ouest de Jérusalem, par deux agresseurs, a indiqué la police.
Les deux assaillants ont tenté de monter dans un bus transportant des enfants. Le chauffeur et d’autres adultes présents ont fait barrage. Ils ont alors agressé un passant juif âgé de 25 ans à coups de couteau, avant d’être atteints par des tirs de policiers, a dit la police. Ils sont dans un état critique.
Heurts quotidiens
Depuis le 1er octobre, les heurts quotidiens entre lanceurs de pierres palestiniens et soldats israéliens, les agressions mutuelles entre Palestiniens et colons et une vague d’attentats anti-israéliens ont fait huit morts israéliens et 49 morts palestiniens (pour plus de la moitié des auteurs d’attaques) ainsi qu’un mort arabe israélien.
M. Abbas n’a formulé publiquement aucune disposition concrète pour apaiser les esprits et s’est répandu en invectives contre M. Netanyahu. Ce dernier l’a de nouveau accusé, à son arrivée à Berlin mercredi, d’«inciter au terrorisme».
M. Netanyahu accuse nommément M. Abbas de participer à l’escalade en se joignant au groupe jihadiste Etat islamique (EI) pour affirmer qu’Israël menace la mosquée Al-Aqsa. L’esplanade, révérée par les musulmans comme troisième lieu saint de l’islam, est aussi, sous le nom de Mont du Temple, le principal lieu saint du judaïsme.
Par ailleurs, le chef du gouvernement israélien a provoqué une polémique en reprochant à M. Abbas et aux Palestiniens en général de continuer à vénérer le grand mufti de Jérusalem lors de la Deuxième guerre mondiale, Haj Amin al-Husseini, alors que selon lui le responsable religieux a incité Hitler en 1941 à exterminer les Juifs.
AFP/M.R.