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Pakistan : un pas de plus dans l’horreur


Les talibans pakistanais ont perpétré, hier à Peshawar, la plus sanglante attaque terroriste de l’histoire du pays dans une école d’enfants de militaires, tuant 141 personnes dont 132 écoliers.

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L’hôpital public de Peshawar était assailli par des parents noyés dans un inconsolable chagrin en voyant arriver les dépouilles de leurs enfants. (Photos : AP/AFP)

L’attaque a été revendiquée par le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), principal groupe rebelle islamiste du pays et auteur de l’attaque contre Malala en 2012, qui a montré sa capacité à pouvoir faire couler le sang en dépit des récentes offensives militaires qui l’ont affaibli.

L’assaut de Peshawar (nord-ouest), qui s’est achevé après plus de sept heures de combat avec la mort des six assaillants, a tenu en haleine le pays, glacé par les récits de survivants racontant comment les talibans passaient de classe en classe en abattant à la chaîne des enfants parfois âgés d’à peine 12 ans. Il a provoqué une vague de condamnations internationales, de l’ONU aux grandes puissances occidentales et à l’Inde, traditionnel rival du Pakistan, en passant par la jeune militante pakistanaise pour l’éducation Malala Yousafzaï, nouveau Nobel de la paix originaire de cette région.

> « Nous voulons leur faire vivre la souffrance »

L’assaut a débuté vers 10h30 (6h30 au Luxembourg) lorsque six talibans déguisés en militaires ont pris d’assaut l’école, située dans les faubourgs de la ville. Près de 500 élèves, la plupart âgés de 10 à 20 ans, étaient alors présents dans cet établissement choisi par le TTP car « les enfants de plusieurs hauts gradés de l’armée y étudient », a expliqué Muhammad Khurasani, un porte-parole taliban.

« Les chasseurs de l’armée bombardent nos places publiques, nos femmes et nos enfants et des milliers de nos combattants, des membres de leurs familles et leurs proches ont été arrêtés. Nous avons demandé encore et encore qu’ils cessent tout cela », a-t-il déclaré. Face à l’intransigeance de l’armée, « nous avons donc été forcés de lancer cette attaque ». « Nous voulons leur faire vivre la souffrance, à quel point il est terrible de voir un être aimé être tué. Leurs familles devront aussi pleurer leurs morts comme nous l’avons fait ».

Selon des témoins, les assaillants sont passés de classe en classe pour abattre les enfants. Sur son lit d’hôpital, l’un des survivants, Shahrukh Khan, 16 ans, en a livré un récit glaçant, racontant comment les talibans traquaient les enfants jusque sous les bancs pour les tuer. Couché sur le sol, il gardera longtemps en mémoire l’image de ce taliban « aux grosses bottes noires » qui criblait de balles les étudiants, et comment il s’est tordu de douleur mais retenu de crier lorsqu’il en reçu deux aux jambes, faisant le mort.

Selon l’armée, les assaillants, tous munis de vestes garnies d’explosifs, de munitions et vivres pour plusieurs jours, « n’avaient aucune intention de faire des otages » car ils ont « tiré de manière aléatoire (sur les gens) dès leur entrée dans l’école ». Elle a également évoqué la possibilité que des assaillants aient été des Arabes ou Ouzbeks, suggérant une participation de combattants étrangers de la mouvance Al-Qaïda aux côtés de ceux du TTP.

Le bilan est effroyable : hors assaillants, l’attaque a fait 141 morts, dont 132 enfants, et 124 blessés dont 121 enfants, a annoncé dans la soirée le porte-parole de l’armée. Un triste record qui surpasse celui de l’attentat qui avait fait 139 morts en octobre 2007 à Karachi (sud) lors du retour au pays de l’ancienne Première ministre Benazir Bhutto.

> L’armée, longtemps soutien des islamistes

L’hôpital public Lady Reading de Peshawar était assailli par des parents noyés dans un inconsolable chagrin en voyant arriver les dépouilles de leurs enfants aux uniformes trempés de sang. Les premiers enterrements ont eu lieu dans la soirée.

Le Premier ministre, Nawaz Sharif, a dénoncé cette « tragédie nationale » provoquée par des « sauvages », et s’est rendu sur les lieux. « Ces enfants étaient mes enfants, ceux de la nation », a-t-il ajouté, décrétant trois jours de deuil national.

L’armée, considérée comme l’institution la plus puissante du pays, a réaffirmé sa détermination à poursuivre ses opérations en cours contre le TTP jusqu’à son élimination totale. Souvent accusée par le passé de liens troubles avec des groupes armés islamistes, l’armée s’était décidée en juin dernier, après plusieurs années d’hésitation, à lancer une offensive contre le TTP dans le Waziristan du Nord, une zone tribale située à la frontière afghane et considérée comme son principal bastion. Elle a annoncé depuis avoir repris les principales villes de la zone, tué plus de 1 600 combattants rebelles et en avoir capturé plus de 3 000, les autres s’étant selon elle enfuis.

Le TTP n’a pas réagi pendant plusieurs mois et s’est même divisé en factions rivales dont certaines semblent avoir abandonné le « jihad » contre le gouvernement pakistanais, décrété en 2007 pour le punir de son alliance avec les « infidèles américains ». Mais d’autres semblent déterminées à poursuivre ce combat, attaquant au besoin les civils faute de pouvoir affronter l’armée, comme début novembre près de la frontière indienne (55 morts) ou hier à l’école de Peshawar.

Le Quotidien/AFP

 

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