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Ouïghours : Pékin étend sa riposte contre l’Occident


Au moins un million de Ouïghours auraient été internés dans des "camps" et certains soumis à du "travail forcé", notamment dans des champs de coton. (photo AFP)

La Chine riposte sur le Xinjiang : réfutant des allégations de « travail forcé » dans sa région à majorité musulmane, Pékin a sanctionné des personnalités britanniques au moment où plusieurs marques étrangères sont dans la tourmente sur le marché chinois.

Le Xinjiang (nord-ouest) a longtemps été frappé par des attentats visant des civils et attribués à des séparatistes ou des islamistes ouïghours. Pékin y impose depuis quelques années une surveillance policière drastique. Selon des études publiées par des instituts américains et australien, au moins un million de Ouïghours ont été internés dans des « camps » et certains soumis à du « travail forcé », notamment dans des champs de coton.

La Chine juge ces rapports truffés de « fausses informations » et assure que les « camps » sont des « centres de formation professionnelle » destinés à apporter un emploi à la population afin de l’éloigner de l’extrémisme.

En réaction, l’Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada ont imposé lundi des sanctions contre quatre dirigeants passés ou actuels du Xinjiang. Les États-Unis, qui sanctionnaient déjà deux de ces responsables depuis 2020, ont ajouté les deux autres à leur liste.

Pékin a répliqué en sanctionnant dix personnalités européennes, dont cinq élus du Parlement européen. Toutes sont accusées « de propager des mensonges » en s’appuyant sur des études que la Chine estime biaisées.

« Pour qu’ils comprennent »

Vendredi, Pékin a étendu ses sanctions à neuf Britanniques, dont des parlementaires de haut rang, ainsi que quatre entités. Sur la liste noire chinoise figurent la Commission des droits de l’Homme du Parti conservateur (la formation du Premier ministre Boris Johnson), ainsi que l’ancien chef de ce parti, Iain Duncan Smith.

Londres, avec qui les tensions ne cessent de s’accumuler sur des sujets comme la 5G ou Hong Kong, n’a pas tardé à réagir. Les Britanniques visés par ces sanctions jouent un « rôle vital » pour dénoncer « les atteintes grossières » aux droits de l’Homme, a estimé le Premier ministre Boris Johnson, en les assurant de son soutien. Son ministre des Affaires étrangères, Dominic Raab, a annoncé la convocation de l’ambassadeur chinois pour « lui expliquer en termes très clairs la position » du Royaume-Uni. Il a souligné que les sanctions chinoises n’empêcheraient pas Londres de « continuer à évoquer le sort des musulmans ouïghours et des autres minorités au Xinjiang ». Tant que Pékin « refusera » de donner accès au Xinjiang à la Haute commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Michelle Bachelet, a-t-il averti, « la pression internationale continuera de s’accroître ».

Invitée à réagir sur les dernières sanctions prises par son pays, une porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying, a accusé les Occidentaux d’être à l’origine des hostilités. La Chine « ne peut traiter avec eux que d’une manière qu’ils comprennent et dont ils se souviennent », a estimé Hua Chunying.

H&M, Nike et Adidas dans le viseur

Après la publication d’études sur le « travail forcé », plusieurs entreprises de prêt-à-porter comme le suédois H&M, l’américain Nike, l’allemand Adidas ou le japonais Uniqlo se sont engagées l’an passé à boycotter le coton du Xinjiang. La région représente près d’un cinquième de la production mondiale et fournit de nombreux géants de l’habillement.

Les communiqués de ces entreprises sont opportunément réapparus cette semaine sur le réseau social chinois Weibo, déclenchant une polémique. Première entreprise visée, H&M avait déjà vu mercredi ses produits retirés des principaux sites chinois de vente en ligne. Ses magasins restent toutefois ouverts.

La polémique a enflé jeudi avec l’annonce par plusieurs acteurs et chanteurs chinois qu’ils coupaient tout lien avec Nike, Adidas, Uniqlo, Converse ou encore Calvin Klein, dont ils ou elles étaient les ambassadeurs d’image. Signe d’une possible intervention de l’exécutif chinois, c’est la Ligue de la jeunesse communiste, une organisation affiliée au parti au pouvoir, qui avait lancé les hostilités sur Weibo.

LQ/AFP