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Opération anti-mafia en Europe, une centaine de suspects visés, notamment en Allemagne


Des policiers allemands lourdement armés pénétrant dans un bâtiment à Munich, dans le cadre d'une opération "à grande échelle" contre la célèbre mafia italienne 'Ndrangheta, ce mercredi. (photo AFP)

Une vaste opération de police contre la mafia calabraise, la ‘Ndrangheta, a été lancée mercredi dans plusieurs pays européens, visant plus d’une centaine de suspects, notamment en Allemagne où l’organisation est soupçonnée de blanchir l’argent issu du trafic de drogue.

Des centaines de policiers sont intervenus dans cinq régions d’Allemagne dans le cadre d’une « opération européenne de grande envergure » qui vise « des responsables et des membres de la ‘Ndrangheta », ont déclaré dans un communiqué commun plusieurs parquets régionaux, dont celui de Munich. Des opérations ont également eu lieu en Belgique, en France, en Italie, au Portugal et en Espagne, ajoute ce communiqué.

Ces actions ont été organisées dans le cadre « d’un dossier ouvert par le parquet fédéral belge », a précisé ce dernier, ajoutant qu’une vingtaine de perquisitions ont été effectuées en Belgique.

En Allemagne, plus de cent perquisitions ont été menées et une trentaine de mandats d’arrêt, dont quatre mandats européens, ont été exécutés, selon les autorités des Länder de Bavière, de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, de Rhénanie-Palatinat, et de Sarre. C’est dans ces régions de l’ouest et du sud de l’Allemagne que se sont concentrées les interventions de police.

Le ministre de l’Intérieur de Bavière, Joachim Herrmann, a qualifié cette opération de « coup sensible porté à la ‘Ndrangetha », une organisation criminelle implantée dans la région italienne de Calabre (sud) et considérée comme la mafia la plus riche et la plus puissante d’Italie, avec une extension mondiale croissante couvrant plus de 40 pays.

L’enquête porte, selon le communiqué, sur les infractions de « trafic de drogue, blanchiment d’argent, trafic d’armes, escroquerie » ainsi que « divers délits fiscaux à grande échelle ».

Glaciers et cafés 

Les autorités en Italie, en Allemagne et Belgique devraient donner plus de détails sur les investigations lors de conférences de presse prévues dans la journée. Selon des recherches des médias allemands MDR et Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), l’enquête se concentre sur les activités criminelles de clans de la localité calabraise de San Luca.

Ces derniers auraient fait passer de grandes quantités de cocaïne en Europe en provenance de pays comme la Colombie, le Brésil et l’Équateur. La drogue aurait été acheminée par porte-conteneurs vers des ports comme Anvers, Rotterdam ou Gioia Tauro en Calabre. Afin de blanchir l’argent de la drogue, les suspects auraient investi dans des restaurants, des pizzerias, des cafés et des glaciers, notamment en Allemagne, en Belgique, au Portugal et en Argentine.

Un épisode sanglant avait mis en lumière l’implantation de la ‘Ndrangheta en Allemagne : en août 2007, les corps de six Italiens, âgés de 16 à 39 ans et membres d’un des deux clans de San Luca, avaient été découverts criblés de balles dans deux véhicules devant le restaurant italien « Da Bruno » à Duisbourg, dans l’ouest du pays. Ce massacre était, selon les enquêteurs, une « vendetta » après l’assassinat fin 2006 de Maria Strangio, épouse de Giovanni Nirta, chef du clan rival.

Selon l’office bavarois de police judiciaire, les autorités allemandes ont agi ce mercredi dans le cadre de l’opération « Eureka », coordonnée par les offices européens Europol et Eurojust. L’opération Eureka, déclenchée au niveau européen il y plus de trois ans, est « l’une des plus importantes et des plus significatives de ces dernières années dans le domaine du crime organisé en Italie », a souligné la police bavaroise.

Dans le cadre de ces investigations, les autorités italiennes et belges ont pu attribuer à la ‘Ndrangetha l’importation et le trafic de près de 25 tonnes de cocaïne, pour la période allant d’octobre 2019 à janvier 2022, a précisé la même source. Des flux financiers de plus de 22 millions d’euros de la Calabre vers la Belgique, les Pays-Bas et l’Amérique du Sud ont également pu être identifiés.