Après le fipronil, des traces d’un deuxième insecticide interdit dans les élevages de volailles, l’amitraze, sont aujourd’hui recherchées dans les œufs français car il a été utilisé dans « un peu moins d’une dizaine d’élevages » de poules pondeuses, a indiqué vendredi le ministère de l’Agriculture.
Alors que le gouvernement néerlandais a révélé mercredi qu’un deuxième insecticide « modérément toxique » avait été utilisé par Chickfriend, le prestataire de services incriminé dans l’affaire du fipronil, le ministère a appris que cette nouvelle substance incriminée avait été utilisée en France.
« Au-delà du fipronil, on a souhaité faire le point sur l’ensemble des traitements anti-parasitaires pour lutter contre le pou rouge de la volaille pratiqués dans les élevages français. C’est à l’occasion de la remontée de ces enquêtes, qui doivent s’achever fin août, que nous avons eu l’information dans deux départements, de l’utilisation de l’amitraze dans un peu moins d’une dizaine d’élevages », a expliqué Loïc Evain, directeur général adjoint de l’Alimentation, lors d’un point-presse au ministère .Il n’a pas souhaité dans l’immédiat donner les départements concernés.
« Une recherche de résidus de cette substance dans les œufs des élevages concernés est en cours », a indiqué le ministère, qui a demandé à l’Anses (Agence de sécurité sanitaire) « d’évaluer le risque sanitaire éventuel que présenterait la présence de tels résidus dans les œufs ». Loïc Evain a toutefois précisé que l’amitraze n’avait pas été utilisé directement sur les volailles, mais « comme désinfectant lors de la période du vide sanitaire », entre le départ d’animaux en fin de production et l’arrivée d’autres animaux.
Conséquence de cette découverte, « une réunion de concertation avec l’ensemble de la filière avicole » et également les vétérinaires, doit se tenir mercredi à Paris. Dans le même temps, à Bruxelles, la Commission a convoqué un comité d’experts au sujet de cette crise des œufs frelatés. Contrairement au fipronil, dont l’usage est interdit dans les productions animales, l’amitraze est autorisé comme médicament vétérinaire pour le traitement antiparasitaire des ruminants, porcs et abeilles.
Informations distillées « au compte-gouttes »
En revanche, « il n’a pas d’autorisation de mise sur le marché pour la filière volailles, que ce soit en traitement sur les animaux ou pour la désinfection des bâtiments d’élevage vides car aucun dossier de demande n’a été déposé auprès de la Commission européenne », précise le ministère. Cette molécule « est interdite parce qu’elle n’est pas autorisée, elle n’est pas interdite parce qu’elle est dangereuse », a insisté Loïc Evain.
L’ONG Foodwatch a dénoncé dans un communiqué des « informations au compte-gouttes », affirmant que la Belgique avait alerté la France sur ce deuxième produit dès juillet. Le ministère avait indiqué mercredi n’avoir pas été alerté par les instances européennes. Concernant l’usage frauduleux de fipronil, 32 produits font désormais l’objet d’un retrait du marché en raison d’une concentration supérieure à la limite autorisée.
A ce jour, « plus de 520 auto-contrôles ont été effectués par les entreprises françaises, essentiellement par la quinzaine d’entre elles les plus concernées par le risque de contamination par du fipronil », indique le ministère, qui rappelle que « 34 auto-contrôles se sont révélés positifs, entraînant le retrait de la vente des denrées contaminées ». « Parallèlement, les contrôles officiels se poursuivent dans les centres de conditionnement, les établissements de transformation et chez les grossistes français identifiés comme destinataires d’œufs ou d’ovoproduits contaminés en provenance de Belgique et des Pays-Bas », poursuit le ministère.
Par ailleurs, à la demande de la direction générale de l’Alimentation et de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, 750 prélèvements d’œufs ou d’ovoproduits seront réalisés dans les prochaines semaines. Ces prélèvements seront effectués dans des points de vente mais également dans les entreprises ayant reçu des produits suspects. Les résultats seront mis à la disposition du public.
Le Quotidien/AFP