Il n’est « pas acceptable » que les États-Unis se placent en « gendarme économique de la planète » après la décision de Donald Trump de rétablir les sanctions visant l’Iran, a estimé mercredi le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire.
Jugeant que le retrait américain de l’accord nucléaire était « une erreur » pour la sécurité internationale mais aussi du point de vue économique, le ministre a observé que cette décision aurait des « conséquences » pour les entreprises françaises, telles que Total, Sanofi, Renault ou encore Peugeot. « En deux ans, la France avait multiplié par trois son excédent commercial avec l’Iran », a-t-il dit lors d’un entretien à France Culture. Or, la décision américaine impose aux entreprises étrangères des « délais très courts de l’ordre de six mois » pour se retirer de l’Iran.
Le retrait annoncé mardi par Donald Trump donne une période de 90 à 180 jours aux entreprises pour résilier les anciens contrats noués en Iran, tandis qu’il est interdit d’en conclure de nouveaux, sous peine de subir des sanctions de la part des États-Unis. Cela va « poser des difficultés à toutes les entreprises européennes (..), des difficultés économiques considérables, mais plus important encore que le problème économique, c’est le problème de principe, d’avoir des sanctions extraterritoriales », a-t-il jugé.
« Logique de force non justifiée »
Le ministre a annoncé qu’il aurait « un entretien téléphonique d’ici la fin de la semaine avec le secrétaire au Trésor américain Steve Mnuchin pour étudier avec lui quelles sont les possibilités » pour éviter ces sanctions. Parmi les solutions envisagées, il a évoqué des « clauses grand-père », à savoir le maintien des droits aux entreprises déjà en place, et des « exemptions ». Par ailleurs, « je vais en parler rapidement avec mon homologue allemand, mon homologue britannique et un certain nombre d’autres homologues européens pour voir quelle réaction nous pouvons avoir face à ces sanctions », a-t-il aussi indiqué. Selon Bruno Le Maire, « la sagesse désormais c’est ce qui a été indiqué par le président de la République, retrouver une voie européenne qui propose d’autres solutions que celles choisies par le président américain ».
Il a estimé que la « logique de force » ne se justifiait pas avec l’Iran. « Au contraire l’accord permet d’encadrer le développement du nucléaire iranien, de le surveiller. Sortir de l’accord ne permet plus d’effectuer ce contrôle », a-t-il fait valoir. « La logique de force ne se justifie qu’en toute dernière extrémité, quand des lignes rouges ont été franchies, ce qu’a fait le président de la République quand le régime syrien a utilisé les armes chimiques » a-t-il dit, ajoutant : « sinon, elle ne conduit qu’à des désastres ». « La crise irakienne de 2003 a conduit à un désastre », a-t-il poursuivi. « Je considère que la sortie américaine de l’accord iranien est effectivement une vraie erreur diplomatique ».
Le Quotidien/AFP