Après une semaine de discussions marathon à Lausanne, les négociations sur le nucléaire iranien coinçaient toujours sur des points clés mercredi, même si des progrès ont été réalisés, selon les délégations.
Des policiers suisses surveillent le 1er avril 2015 les accès à l’Hôtel Beau-Rivage de Lausanne où se déroulent les négociations sur le nucléaire iranien. (Photo : AFP)
L’impression générale qui se dégageait mercredi matin restait cependant confuse, entre déclarations plus ou moins optimistes et constats de désaccords sur un dossier qui était censé trouver un premier épilogue mardi 31 mars. Les grandes puissances (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et Allemagne) ont repris mercredi matin des discussions pour «faire l’inventaire» et accorder leurs violons après une nuit quelque peu chaotique. Les chefs de la diplomatie chinois, français et russe ont tous quitté Lausanne entre mardi soir et mercredi matin, laissant leurs négociateurs sur place.
Le « cadre général » d’un compromis dans les négociations nucléaires iraniennes existe mais il reste encore beaucoup de travail, a déclaré mercredi matin le chef de la diplomatie britannique, Philip Hammond, encore sur place. « Je pense que nous avons le cadre général d’un compromis mais il reste des questions clés sur lesquelles nous devons encore travailler », a-t-il dit à la presse britannique, précisant que « cela avance encore lentement ». « Je croise les doigts », a-t-il ajouté.
Un diplomate allemand a indiqué de son côté que les négociations avec l’Iran bloquaient encore sur des questions importantes. « La nuit dernière, les discussions ont coincé sur plusieurs questions importantes. Les experts techniques ont travaillé toute la nuit. Maintenant les ministres font l’inventaire », a déclaré ce diplomate, jugeant toutefois qu’un accord était possible « avec de la bonne volonté ».
> Impulsion politique
La Chine pour sa part a appelé mercredi les grandes puissances et l’Iran à « rapprocher leurs positions pour parvenir à un accord » et à « donner une plus forte impulsion politique » aux négociations, selon un communiqué distribué mercredi par la délégation chinoise à Lausanne. Au petit matin mercredi, le Russe Sergueï Lavrov avait affirmé qu’un accord de principe sur tous les points clés était en vue, tandis que son homologue iranien Mohammad Javad Zarif faisait état de « bons progrès ».
Les Américains se sont juste bornés à faire savoir que « tous les points clés n’étaient pas réglés », mais à Washington, la Maison Blanche a marqué mardi son impatience rappelant que l’option militaire était toujours « sur la table ». Si l’Iran ne veut pas « formuler les engagements » assurant que son programme a seulement une vocation pacifique, « alors nous devrons quitter la table de négociation et considérer quelles autres options pourraient être disponibles », a affirmé le porte-parole de la Maison Blanche Josh Earnest.
La France quant à elle est restée obstinément silencieuse, le chef de la diplomatie Laurent Fabius se bornant à faire savoir qu’il reviendrait à Lausanne si cela était « utile ». L’objectif de l’accord est de s’assurer que l’Iran, dont le programme nucléaire inquiète la communauté internationale depuis le début des années 2000, ne cherchera pas à se doter de la bombe atomique, en échange d’une levée des sanctions qui étranglent son économie.
Les négociateurs s’étaient fixé la date du 31 mars pour parvenir à un compromis historique sur ce dossier du nucléaire iranien qui plombe les relations internationales depuis 12 ans. Mais des points clés grippent la négociation depuis des mois. En premier lieu, la durée de l’accord. Les grandes puissances souhaitent un cadre strict de contrôle des activités nucléaires iraniennes, particulièrement dans le domaine de la recherche et du développement, sur au moins 15 ans, mais l’Iran ne veut pas s’engager au-delà de 10 ans.
De même, la question de la levée des sanctions de l’ONU est aussi, depuis le début, un gros point de blocage. Les Iraniens voudraient voir tomber, dès la conclusion d’un accord, ces sanctions économiques et diplomatiques, jugées humiliantes. Or les grandes puissances veulent une levée graduelle de ces mesures liées à la prolifération nucléaire et prises depuis 2006 par le Conseil de sécurité de l’ONU.
AFP