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Nucléaire iranien : derniers efforts pour arracher un accord


Salle de négociations pour les représentants des grandes puissances et de l'Iran à l'hôtel Cobourg à Vienne le 13 juillet 2015 (Photo : AFP)

Téhéran et les grandes puissances négociaient d’arrache-pied lundi à Vienne pour finaliser un accord sur le nucléaire iranien dans la journée, Pékin jugeant les conditions «en place» pour un bon compromis.

Le président iranien Hassan Rohani doit s’exprimer à 17h30 GMT à la télévision d’Etat sur le sujet, a annoncé son gouvernement sans donner de détails. «Tout le monde travaille dur pour obtenir un oui aujourd’hui, mais il faut encore de la volonté politique», a twitté le diplomate iranien Alireza Miryoussefi, présent dans la capitale autrichienne.

«Je ne peux pas faire de promesse pour ce soir ou demain soir», avait toutefois déclaré un peu plus tôt Abbas Araghchi, l’un des principaux négociateurs iraniens, alors qu’un autre diplomate iranien faisait état de «quelques questions importantes» toujours en suspens.

Le président français François Hollande est resté prudent. «Nous ne sommes pas forcément très loin» d’un accord, mais cela «ne veut pas dire que nous soyons arrivés», a-t-il déclaré depuis Bruxelles.

Pour Pékin, il faut cesser de tergiverser. «Aucun accord ne peut être parfait», a rappelé le ministre des Affaires étrangères Wang Li à l’entrée du palais Coburg, où se tiennent depuis 17 jours les pourparlers.

Pour la Chine, «les conditions sont déjà en place pour atteindre un bon accord» et «il ne peut pas y avoir et il ne doit pas y avoir de nouveaux délais», a-t-il ajouté. L’Iran et le groupe P5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) tentent de refermer un dossier qui empoisonne les relations internationales depuis plus de douze ans.

Depuis près de deux ans, ils cherchent un accord qui rende quasi impossible la construction d’une bombe atomique par Téhéran, en échange de la levée des sanctions internationales.

« Si près du sommet »

Toutes les parties s’accordent à le dire: pas à pas, d’importants progrès ont été réalisés depuis septembre 2013.

Dimanche, le président Rohani a comparé les négociateurs à des alpinistes arrivés tout près du sommet. «Si l’on regarde d’en bas on a l’impression qu’on y est arrivé. Mais lorsqu’on est en haut on sait qu’il reste encore quelques pas à faire», a-t-il estimé.

Lundi matin, les chefs de la diplomatie américain, russe, chinois, européen, français et allemand se sont retrouvés pour une enième réunion. Leur homologue britannique Philip Hammond, qui s’était échappé dimanche, est attendu en début d’après-midi à Vienne.

Engagés depuis septembre 2013, les pourparlers sont entrés dans leur phase finale le 27 juin, avec pour objectif initial un accord pour le 30 juin, un délai déjà repoussé à trois reprises. Indice qu’un épilogue est en vue: le ministre de l’Intérieur iranien a demandé aux autorités locales de se préparer à des scènes de liesse dans les rues.

La population, qui a élu Hassan Rohani en 2013 sur la promesse d’une levée des sanctions, attend une amélioration de ses conditions de vie en cas d’accord.

Que l’issue soit pour lundi ou pas, la séquence de pourparlers viennois est déjà l’un des plus longs rounds de négociations internationales, au niveau ministériel et en un seul lieu, depuis celui qui a abouti aux accords de Dayton (Etats-Unis) mettant fin à la guerre en Bosnie-Herzégovine en 1995.

« Si nécessaire »

En avril, à Lausanne, les négociateurs ont obtenu à l’arraché un accord-cadre, selon lequel l’Iran a notamment accepté de réduire le nombre de ses centrifugeuses et son stock d’uranium enrichi, ce qui, en pratique, doit rendre quasi impossible la fabrication rapide d’une bombe atomique, que Téhéran a toujours démenti vouloir produire.

Les négociations ont buté jusqu’ici sur la levée de restrictions sur le programme balistique de l’Iran ainsi que le commerce des armes, réclamés par Téhéran avec le soutien de Moscou. Les Occidentaux jugent cette demande délicate en raison de l’implication iranienne dans plusieurs conflits, en particulier en Syrie et en Irak.

Autre point de désaccord : le rythme de la levée des sanctions.

Le P5+1 demande aussi que des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) puissent accéder à des sites militaires «si nécessaire», ce que rejettent certains responsables iraniens.

Enfin, les deux camps se disputent sur la durée de l’accord.

Un dénouement marquerait le début d’une normalisation des relations de l’Iran avec la communauté internationale. Cette perspective se heurte à l’hostilité des puissances régionales sunnites et d’Israël.

AFP