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Nucléaire : discussions « fructueuses » entre l’Iran et l’AIEA


Rafael Grossi (à droite), directeur général de l'AIEA, a notamment rencontré le président de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Ali Akbar Salehi. (photo AFP)

L’Iran s’est félicité dimanche des discussions à Téhéran du chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique, à deux jours de la mise en application prévue d’une loi qui limiterait les inspections des activités nucléaires en cas de maintien des sanctions américaines.

L’échéance fixée par la loi iranienne expire dimanche mais un responsable iranien a affirmé qu’elle n’entrerait en vigueur que mardi à moins d’une annonce par les États-Unis d’une levée de leurs sanctions. Celles-ci avaient été rétablies en 2018 par l’ex-président Donald Trump qui a retiré unilatéralement son pays de l’accord international de 2015 censé encadrer le programme nucléaire iranien.

Rafael Grossi, directeur général de l’AIEA, a rencontré le président de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, Ali Akbar Salehi, et le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.  « L’Iran et l’AIEA ont eu des discussions fructueuses fondées sur le respect mutuel et dont les résultats seront publiés en soirée », a tweeté Kazem Gharibabadi, l’ambassadeur d’Iran auprès de l’AIEA, « gendarme » nucléaire de l’ONU.

Rafael Grossi doit tenir en soirée une conférence de presse à son retour à Vienne, siège de l’AIEA, après une visite de 24 heures à Téhéran. Dans une déclaration à Press TV, la chaîne en anglais de la télévision d’État, Javad Zarif a indiqué qu’il évoquerait avec le chef de l’AIEA la mise en œuvre de la loi iranienne, qui vise à restreindre certaines inspections de l’AIEA, gendarme nucléaire de l’ONU, de sites en Iran. Mais selon Javad Zarif, la loi n’aboutirait pas à une « impasse » dans la collaboration entre l’Iran et l’AIEA.Et M. Grossi pourra ainsi « s’acquitter de ses obligations de montrer que le programme nucléaire iranien reste pacifique ».

« Pas d’enregistrements » 

Le ministre a précisé que la loi votée en décembre par le Parlement obligeait son gouvernement à « ne pas fournir les enregistrements » des caméras de surveillance installées sur les sites, à l’AIEA.

Selon le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, « les inspections de l’AIEA seront réduites d’environ 20 à 30% après la mise en œuvre de la loi ». « Cela ne signifie certainement pas un retrait de l’accord » de 2015. Ce pacte prévoit une levée progressive des sanctions, en échange de la garantie que l’Iran ne se doterait pas de l’arme atomique. Même si l’Iran a toujours démenti chercher à se doter d’une telle arme.

Après le retrait unilatéral américain et le rétablissement des sanctions qui étranglent l’économie iranienne, l’Iran s’est affranchi progressivement à partir de 2019 de plusieurs limites qu’il avait accepté d’imposer à son programme nucléaire en vertu de l’accord conclu en 2015 avec le groupe 5+1 (États-Unis, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Russie, Chine).

D’après Javad Zarif, « les stocks d’uranium enrichi vont augmenter » également, en attendant que l’autre camp respecte ses obligations. En décembre, le Parlement iranien a exigé du gouvernement de restreindre certaines inspections de l’AIEA sur des installations non nucléaires, y compris des sites militaires suspects en Iran, si les sanctions ne sont pas levées au 21 février.

Dans un geste à l’égard de l’Iran, les États-Unis ont accepté jeudi une invitation des Européens à participer à des pourparlers pour relancer l’accord de 2015. Mais le lendemain, Joe Biden a appelé les puissances européennes à travailler de concert avec les États-Unis pour répondre aux « activités déstabilisatrices » de l’Iran au Moyen-Orient.

Dans ce contexte diplomatique complexe et alors que l’Iran et les États-Unis n’entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 1980, Abbas Araghchi a indiqué que l’Iran examinait la proposition de l’UE pour une « réunion informelle ».

LQ/AFP