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Nouvelle vague d’«airpocalypse» en Chine


Pic de pollution dans la ville de Shenyang, le 8 novembre 2015 en Chine. (Photo : AFP)

Plusieurs métropoles et régions du nord-est de la Chine enregistraient lundi de redoutables pics de pollution atmosphérique, avec par endroits une densité de particules nocives 50 fois supérieure au plafond recommandé par l’OMS.

A Shenyang et Changchun, capitales respectives des provinces du Liaoning et du Jilin, un épais brouillard polluant de couleur grisâtre entravait la visibilité, plongeant les axes routiers dans une quasi-obscurité et faisant disparaître des immeubles situés à proche distance.

Sur des clichés diffusés par les médias locaux, on voyait des néons d’enseignes de restaurants paraissant flotter dans le vide, le smog estompant jusqu’aux contours des bâtiments. Une image échangée sur les réseaux sociaux montrait un cycliste de Shenyang équipé d’un imposant masque à gaz.

La densité de particules de 2,5 microns de diamètre (PM 2,5) atteignait lundi les 860 microgrammes par mètre cube à Changchun.

Elle s’était élevée jusqu’à 1.157 microgrammes/m3 à Shenyang dimanche, selon des statistiques du gouvernement local. Mais selon la chaîne étatique CCTV, des pics dépassant 1.400 ont été enregistrés dans certains quartiers de la ville. De tels niveaux figurent parmi les plus élevés jamais relevés et rendus publics à travers le pays.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande un plafond moyen de seulement… 25 microgrammes par vingt-quatre heures. Ces microparticules sont accusées d’être impliquées dans des centaines de milliers de décès prématurés en Chine, où les épisodes d’«airpocalypse» sont fréquents.

La municipalité de Shenyang a expliqué, sur un compte de microblogs officiel, que ce «smog» d’une densité extrême était provoqué par le démarrage du système de chauffage central de la ville, principalement alimenté au charbon, à l’orée de l’hiver, ainsi que par la sévère pollution venant des provinces voisines.

Des justifications accueillies avec énervement par nombre d’internautes chinois. «C’est la même chose chaque année, rien ne change» malgré les efforts affichés par les autorités, soupirait l’un.

«Le brouillard est à couper au couteau et vous prend à la gorge. Quand je suis sorti de chez moi, j’ai cru qu’un immeuble voisin était en flammes», s’indignait un résident de Changchun sur le réseau social Weibo.

Les autorités de Changchun ont engagé une «procédure d’urgence», enjoignant les établissements scolaires à cesser toute activité à l’extérieur, et appelant les résidents à ne pas sortir et à prendre des «mesures de protection pour leur santé», non précisées.

Mais de tels dispositifs «d’urgence» s’avèrent «inutiles» face à «la gravité d’un pareil brouillard et d’un tel niveau de pollution», déplorait l’agence officielle Chine nouvelle.

«Quand vous sortez, le simple contact avec l’air vous brûle les yeux, vous écorche la gorge, il vous faut acheter un masque mais personne ne nous dit spécifiquement ce qu’il faut faire d’autre», témoignait un habitant de Shenyang, dans des propos rapportés par le média étatique.

La pollution de l’air, endémique dans le pays, est devenue l’un des principaux sujets de mécontentement des Chinois, lassés de suffoquer et d’assister à l’explosion des cancers du poumon dans les zones urbaines.

AFP/M.R.