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Nouvelle nuit de pilonnage de Gaza par Israël, environ 200 morts en une semaine


Après un bombardement dimanche à Gaza, des familles palestiniennes quittent leur maison pour se réfugier dans un quartier plus sûr. (photo AFP)

L’armée israélienne a mené aux premières heures de ce lundi une intense série de frappes sur Gaza, après une semaine noire ayant fait quelque 200 morts dans les violences entre l’État hébreu et le Hamas islamiste, restés sourds aux appels internationaux à la désescalade.

Dans la nuit de dimanche à lundi, l’aviation israélienne a pilonné à des dizaines de reprises la bande de Gaza, où des groupes armés ont tiré des roquettes vers Israël. Les frappes ont provoqué des coupures d’électricité, a constaté un journaliste de l’AFP. Des centaines de bâtiments ont été endommagés, d’après les autorités locales, qui n’ont pas fait état de victimes dans l’immédiat.

L’armée israélienne a indiqué lundi dans un communiqué avoir ciblé neuf maisons appartenant à des hauts commandants du Hamas et qui servaient pour certaines à « stocker des armes ».

« Il n’y a jamais eu de frappes d’une telle ampleur », a témoigné Mad Abed Rabbo, 39 ans, qui vit dans l’ouest de la ville de Gaza, faisant part de son « horreur, (de sa) peur ». « J’ai eu l’impression de mourir », a déclaré Mani Qazaat, habitante de Gaza. « Netanyahu doit se rendre compte que nous sommes des civils, pas des militaires. »

Ces nouvelles frappes israéliennes interviennent alors que l’enclave palestinienne, contrôlée par le Hamas depuis 2007, a enregistré dimanche son bilan quotidien le plus lourd depuis le début de ce nouvel épisode de violences : 42 Palestiniens, dont au moins huit enfants et deux médecins, ont péri dans des raids, selon le ministère de la Santé local.

Au total, depuis le 10 mai, 197 Palestiniens ont été tués, dont au moins 58 enfants, et plus de 1 200 blessés. Côté israélien, dix personnes ont été tuées, dont un enfant, et 294 blessées après des tirs de groupes armés palestiniens depuis Gaza.

« Légitime »

Ces groupes armés, dont le Hamas et le Jihad islamique, ont tiré plus de 3 100 roquettes vers Israël depuis le début des hostilités meurtrières. Il s’agit du rythme le plus élevé de projectiles jamais tirés sur le sol israélien, a indiqué dimanche l’armée israélienne, soulignant qu’une grande partie avait été interceptée par son système antimissile.

« Notre campagne contre les organisations terroristes continue à plein régime », a affirmé dimanche le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, justifiant par ailleurs la frappe ayant pulvérisé la tour de treize étages abritant les locaux de la chaîne d’information qatarie Al-Jazeera et l’agence de presse américaine Associated Press (AP).

C’était « une cible parfaitement légitime », a-t-il assuré, affirmant s’appuyer sur des informations des services de renseignement.

L’armée israélienne, qui a dit avoir ciblé des locaux et des équipements du Hamas, ainsi que certains commandants et des tunnels souterrains, accuse le mouvement islamiste de s’implanter près de civils pour s’en servir de « bouclier ».

L’aviation israélienne a frappé dimanche les domiciles de Yahya Sinouar, chef du Hamas à Gaza, et de son frère qualifié de « militant terroriste ». Des sources sécuritaires palestiniennes ont confirmé la frappe mais on ignore le sort de Yahya Sinouar.

Affrontements 

La dernière grande confrontation entre Israël et le Hamas remonte à l’été 2014. Le conflit de 51 jours a ravagé la bande de Gaza et fait au moins 2 251 morts côté palestinien, pour la plupart des civils, et 74 côté israélien, quasiment tous des soldats.

La violence « a le potentiel de déclencher une crise sécuritaire et humanitaire incontrôlable et d’encourager davantage l’extrémisme », a alerté dimanche Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, à l’ouverture d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité. « Ce cycle insensé d’effusion de sang, de terreur et de destruction doit cesser immédiatement », a-t-il insisté, alors que cette troisième session virtuelle n’a abouti à aucune avancée. Selon plusieurs diplomates, les États-Unis continuaient dimanche à refuser toute déclaration conjointe.

La crise actuelle a éclaté le 10 mai avec un barrage de roquettes tirées par le Hamas sur Israël en « solidarité » avec les centaines de manifestants palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne à Jérusalem-Est. À l’origine des manifestations, la menace d’expulsion de familles palestiniennes au profit de colons israéliens dans le quartier de Cheikh Jarrah.

Dans ce quartier, une attaque à la voiture-bélier contre une patrouille israélienne a fait plusieurs blessés dimanche soir. La police a d’abord dit avoir « neutralisé » l’assaillant puis a précisé qu’il était « mort ». Elle a aussi indiqué avoir procédé à « un certain nombre d’arrestations » après des heurts nocturnes dans d’autres secteurs de Jérusalem-Est.

Les hostilités se sont étendues à la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où des affrontements avec l’armée israélienne ont fait 19 morts depuis le 10 mai, selon un bilan palestinien. Sur son territoire, Israël est également confronté à des violences inédites et à des menaces de lynchages dans ses villes « mixtes », où vivent Juifs et Arabes israéliens.

« Les affrontements risquent d’entraîner Israéliens et Palestiniens dans une spirale de violence aux conséquences dévastatrices pour les deux communautés et pour toute la région », a mis en garde dimanche Antonio Guterres.

AFP/LQ