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Nouveaux tirs de missile : 5 questions sur le programme balistique nord-coréen


Le lancement d'un missile sol-air, en Corée du Nord, le 20 mars 2013. (photo AFP)

La Corée du Nord a tiré quatre missiles lundi, dont trois se sont abîmés dans la zone économique exclusive (ZEE) du Japon. Ces tirs posent plusieurs questions sur le programme balistique et nucléaire nord-coréen.

Pourquoi maintenant ?

D’après les analystes, il s’agit vraisemblablement d’un signe de protestation contre les exercices militaires annuels menés actuellement par Séoul et Washington.

Les deux alliés ont entamé mercredi dernier les manoeuvres dites Foal Eagle, ce qui ne manque jamais de provoquer la colère de Pyongyang. L’année dernière, le Nord avait manifesté son mécontentement en tirant sept missiles.

La Corée du Nord veut peut-être aussi défier le nouveau gouvernement de Donald Trump, qui a parlé d’elle comme d’un « gros, gros problème », avant la visite prévue à la fin du mois dans la région du secrétaire d’Etat Rex Tillerson.

Pyongyang a-t-elle fait des progrès?

Les engins tirés lundi l’ont été d’un site proche de Sohae, base de lancement de satellites, à la différence de la plupart des précédents. Mais les analystes jugent qu’il ne s’agit vraisemblablement pas de missiles nouveaux.

Ils ont parcouru un millier de kilomètres et atteint une altitude de 260 kilomètres avant de s’abîmer en mer Orientale (mer du Japon).

L’état-major interarmes sud-coréen a jugé peu probable qu’il s’agisse de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) capables d’atteindre le territoire américain, l’un des objectifs de Pyongyang.

Il s’agirait de Scud à courte portée (500 à 700 kilomètres) ou de Rondong à moyenne portée (1.300 à 1.500 km).

Que peuvent les Etats-Unis?

Donald Trump avait promis de répondre « fortement » au Nord après son dernier tir de missile balistique en février. Son administration a cependant de nombreux chats à fouetter sur le plan intérieur.

Depuis le premier essai nucléaire nord-coréen en 2006, six résolutions adoptées à l’instigation de Washington pour sanctionner Pyongyang ont échoué à l’empêcher de progresser sur la voie nucléaire.

La Chine est le principal allié diplomatique et partenaire commercial du Nord mais elle prend de plus en plus ses distances par rapport aux ambitions militaires nord-coréennes. Elle a annoncé récemment la suspension de ses importations de charbon de Corée du Nord.

Ce qui n’empêche que Pékin est furieuse du déploiement annoncé du bouclier antimissile américain THAAD en Corée du Sud.

Où en est Pyongyang de son programme ICBM?

Dans son discours du Nouvel An, le dirigeant Kim Jong-Un avait affirmé que son pays en était aux « derniers stades » du développement d’un tel missile. Les spécialistes ne sont pas d’accord sur l’état d’avancement du programme nord-coréen, d’autant que Pyongyang n’a jamais réussi de tir d’essai d’ICBM.

Mais ils s’accordent à dire que le Nord a fait d’énormes progrès dans cette direction depuis que Kim Jong-Un a succédé à son père Kim Jong-Il en décembre 2011.

On ignore si Pyongyang a maîtrisé la technologie de rentrée dans l’atmosphère, après la phase de vol balistique, qui serait nécessaire pour toucher un territoire aussi lointain que les Etats-Unis.

Les spécialistes ne savent pas on plus dans quelle mesure Pyongyang est capable de maîtriser la miniaturisation d’une bombe pour pouvoir la monter sur un missile.

Que veut la Corée du Nord?

Le Nord se considère victime de l’impérialisme américain et espère que ses essais nucléaires (deux en 2016) et tirs de missiles contribueront à pousser les Etats-Unis vers la table des négociations, où il espère arracher quelques concessions.

Sous Barack Obama, les Etats-Unis avaient exclu de prendre langue avec le Nord tant qu’il n’aurait pas fait de geste tangible vers la dénucléarisation, dans l’espoir que les tensions internes dans ce pays reclus provoqueraient du changement.

Mais pour certains, cette politique dite de « patience stratégique » a plutôt permis à Pyongyang d’avancer sur la voie de son programme nucléaire.

Hormis quelques tweets, Donald Trump n’a pas encore énoncé sa politique envers la Corée du Nord.

Le Quotidien / AFP