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Nouveau revers pour Boeing, cette fois dans l’espace


Alors qu’elle avait décollé sans problème de Cap Canaveral avant l'aube ce vendredi, la capsule Starliner de Boeing a détecté une anomalie dans le compteur embarqué. (photo AFP)

Boeing a subi un revers majeur vendredi en échouant à envoyer sa nouvelle capsule Starliner vers la Station spatiale internationale (ISS), sans astronaute à bord. Ce devait être une répétition générale avant l’envoi d’équipages de la NASA en 2020.

Une fusée Atlas V avait décollé sans problème de Cap Canaveral avant l’aube, et Starliner, fixée à son sommet, s’était détachée un quart d’heure après. Mais les moteurs de la capsule ne se sont pas allumés comme prévu, et cette dernière n’a donc pas pu se placer sur la bonne trajectoire pour rattraper l’ISS, qui vole en orbite terrestre à 400 km d’altitude environ. Ayant manqué la fenêtre et consommé trop de carburant en tentant de corriger la position automatiquement, Starliner va donc être ramenée prématurément pour atterrir d’ici 48 heures au Nouveau-Mexique, dans l’ouest des États-Unis, a annoncé un dirigeant de Boeing lors d’une conférence de presse au centre spatial Kennedy, trois heures après le lancement.

Cette mission test, la première en orbite, était cruciale à la fois pour la réputation de Boeing, ternie par les déboires de son avion 737 MAX, et pour la fierté nationale américaine. Depuis 2011, la NASA dépend des Russes pour envoyer ses astronautes dans l’espace. Les entreprises américaines Boeing et SpaceX sont censées prendre le relais en 2020 avec leurs nouvelles capsules. Le patron de la NASA, Jim Bridenstine, a toutefois déclaré que malgré « des défis évidents », tout cela était « très positif en général ». L’appareil est en bon état et sous contrôle, l’expérience sera utile, et aucun astronaute n’aurait potentiellement été mis en danger, a-t-il avancé. Il n’a d’ailleurs pas écarté que la première mission habitée de Starliner, initialement prévue au début de 2020, puisse être maintenue. « Je ne l’exclus pas », a déclaré le responsable de l’agence, ajoutant qu’il était encore « trop tôt » pour prédire si ou comment le calendrier serait modifié. « Nous aurions pu déclencher cette poussée manuellement », a aussi expliqué Nicole Mann, l’une des trois astronautes prévus pour la première mission habitée, qui a renouvelé sa confiance dans l’appareil. « Nous avons hâte de voler à bord de Starliner ».

« Nous ne comprenons pas encore la cause initiale »

L’anomalie s’est produite dans le compteur embarqué de « temps écoulé » dans la mission. Ayant un horaire erroné, Starliner n’a pas effectué la poussée au moment où elle devait la déclencher, peu après s’être détachée de la fusée. Quand les salles de contrôle de Boeing et de la NASA ont tenté de corriger le problème manuellement, la capsule ne pouvait pas recevoir la commande directement car elle se trouvait en transition entre deux satellites de communication. Quand elles ont repris le contrôle, les équipes ont jugé qu’il ne restait plus assez de carburant pour continuer la mission et tenter l’amarrage avec l’ISS, qui était prévu samedi. « Nous ne comprenons pas encore la cause initiale », a dit Jim Chilton, vice-président pour l’espace de Boeing.

Sous la présidence de Barack Obama, l’agence spatiale avait passé des contrats de milliards de dollars avec Boeing et SpaceX pour qu’elles mettent au point des capsules « made in USA ». Après deux ans de retard, le programme aboutit enfin, mais l’homologation des véhicules dépend des derniers tests. SpaceX a déjà passé l’étape que Boeing tentait de franchir avec cette mission. La société d’Elon Musk a envoyé en mars sa capsule Crew Dragon vers l’ISS et l’a fait revenir sur Terre sans problème, avec un mannequin à son bord. Elle doit cependant encore terminer des tests de parachutes. C’est l’avantage d’avoir choisi deux partenaires séparés, a noté Jim Bridenstine. Si un véhicule a un problème, l’autre peut continuer à servir la NASA. Ces programmes sont distincts du projet Artémis de retour sur la Lune d’ici à 2024, qui se fera avec une troisième capsule adaptée à des voyages plus profonds dans l’espace, Orion, construite par Lockheed Martin.

Lors d’une conférence de presse jeudi, le patron de la NASA avait déclaré sa confiance en Boeing, englué dans la crise de son avion vedette 737 MAX. « Les gens qui mettent au point le vaisseau spatial sont différents de ceux qui font les avions », avait-il dit.

LQ/AFP